« Il faut que tu acceptes ce que la mer te donne. »
Aux Îles-de-la-Madeleine, on chasse le phoque depuis toujours. Faisant fi des campagnes anti-chasse des groupes animalistes, une génération de jeunes Madelinots reprend le flambeau afin de retrouver leur fierté et se réapproprier leur droit de chasser.
Tuer des phoques, surtout de pauvres petits blanchons, c’est inacceptable! C’est dégueulasse! C’est de la barbarie! Voilà ce qu’on entend généralement lorsqu’on parle de chasse au phoque. Mais est-ce plus barbare de tuer un phoque que de tuer une vache? Est-ce plus inacceptable d’enlever la vie à un bébé phoque qu’à un veau ou à un faon? Est-ce vraiment plus dégueulasse de manger un phoque que de manger un œuf?
Dans son documentaire Chasseurs de phoques, Nicolas Lévesque jette un regard sur cette chasse qui est, encore aujourd’hui, remplie de fausses vérités véhiculées par les groupes animalistes, dont celui de Brigitte Bardeau. Est-ce que la chasse au phoque est belle? Non. Mais l’élevage de vaches ou de poulets n’est certainement pas mieux.
Les Îles-de-la-Madeleine, c’est un archipel qui, l’hiver venu, se retrouve pas mal isolé. Et comme c’est assez loin de tout, apporter de la nourriture coûte très cher. Par expérience, je peux vous dire que, par moments, le homard coûte moins cher que les poivrons verts. Et donc, la situation des habitants des Îles les amène à être plus autosuffisants que le reste des Québécois.
Outre le homard et le poisson, ce qu’on trouve en bonne quantité là-bas, c’est du phoque ou, de son nom poétique, du loup-marin.
Vous connaissez quoi de la chasse aux phoques? À part des images-chocs à la Brigitte Bardeau? Oui, pour « achever » le phoque, on le frappe à la tête avec un Hakapik. Je sais, ça peut sembler barbare. Mais comment tue-t-on les cochons?
C’est donc pour montrer cette réalité, sans le filtre des campagnes anti-chasse ou des faux arguments des groupes animalistes, que le réalisateur s’est lancé dans ce projet de film : « Mon ami et collègue photographe Yoanis Menge, s’est installé aux Îles et y a fondé une famille. Il a documenté la chasse sur plusieurs années, questionnant l’iconographie entourant cette activité. La majorité des images existantes viennent des groupes animalistes, et cherchent à illustrer l’abattage, les animaux morts et le sang rouge sur la neige blanche. Yoanis était donc un personnage incontournable, incarnant ma vision de réalisateur. »
Je dois dire que Yoanis est un personnage des plus intéressants. Ses images de la chasse aux phoques sont stupéfiantes. Non, il ne s’agit pas de montrer que la chasse est belle, rose, avec des papillons qui volent au-dessus d’éléphants roses. Il se contente de la montrer telle qu’elle est. Mais ce qui m’a frappé, c’est sa vision de la chasse et de la pêche. Il dit que s’il n’est pas capable de tuer sa viande, il était aussi bien de devenir végétarien. Non, je n’irais pas jusque-là.
On le voit, avec ses enfants, découper la carcasse du phoque, leur expliquant comment faire et pourquoi le faire. On le voit aussi chasser avec un de ses enfants, et simplement regarder un phoque qui paresse sur la plage avec son autre petit amour. Ce que je veux illustrer ici, c’est que nous devrions mieux expliquer aux enfants d’où provient la viande qu’ils mangent. Non, elle ne pousse pas dans des contenants de styromousse. Ça pourrait être une bonne façon de diminuer le gaspillage. Parce que, lorsqu’on réalise que pour manger on enlève la vie à une autre créature, on a tendance à faire un peu plus attention. En tout cas, je le pense.
Dans Chasseurs de phoques, on suit aussi Jonathan, Matthieu et leur père dans l’aventure qu’est la chasse au phoque commerciale. Et avec ce que j’ai appris dans ce film, ils ne le font certainement pas pour se remplir les poches.
On les suit donc pendant toute une saison de chasse. De celle du phoque du Groenland en début de saison, à celle du phoque gris à la fin de la saison. L’un se chasse sur la glace et l’autre se chasse directement dans l’eau.
Avec Chasseurs de phoques, on démystifie une chasse qui a beaucoup trop été faussement salie. Comme je le disais, la chasse aux phoques n’est pas nécessairement jolie. Mais elle n’est pas plus dégradante ou sale que les autres types de chasse ou élevages de bêtes.
Note : 8/10
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