Les routes en février – Lourds silences

« Ce n’est pas de ma faute si ton fils n’est jamais revenu à la maison. »

Routes en février - afficheAnimée par des souvenirs d’enfance et par l’espoir de retrouvailles, la jeune Sarah (Arlen Aguayo Stewart) rend visite à sa grand-mère paternelle (Gloria Demassi) dans son village natal en Uruguay. Voilà plus de dix ans que Sarah et ses parents ont quitté ce pays. Sarah tarde à comprendre le malaise qui plane… Mais elle est assez vite confrontée à l’écart entre sa fantaisie autour du lieu d’origine et ce village de vieux immigrés oublié par la modernité où la chaleur est accablante et les jours semblent durer des mois.

Les routes en février (Las rutas en febrero), de Katherine Jerkovic, c’est cette perte d’innocence que l’on vit lorsque l’image mentale qui remonte l’enfance se frappe à la réalité. Avec ce film-voyage, nous visitons l’Uruguay d’une jeune femme. Ou, en fait, de son souvenir idéalisé face à la réalité…

Un film autobiographique?

LES ROUTES EN FÉVRIER PHOTO - autobiographique
Sarah et un garçon rencontré en Uruguay

La réalisatrice expliquait : « Les Routes en février ont été longues et sinueuses : cinq ans d’écriture (je suis devenue scénariste en l’écrivant), un enfant (je suis devenue mère), puis la recherche de fonds, les nombreux allers-retours… On dit que tout premier film est autobiographique, Les Routes l’est en bonne partie, mais c’est surtout le témoignage de plusieurs apprentissages. »

Du coup, ce film est criant de réalisme. Nous sommes tout autant touchés par les personnages qui ont de la difficulté à se parler que nous sommes intrigués par les raisons de ce voyage.

Tout est dans les silences

LES ROUTES EN FÉVRIER PHOTO - Tout est dans les silences
Sarah et sa grand-mère

Dans Les routes en février, le drame réel est ce qu’on ne voit pas, ce qui n’est pas dit, mais qui est suggéré, pressenti, qui affleure à la surface des visages et des corps. Car comme le dit la réalisatrice : « Dans cette période de grandes tragédies humaines, souvent représentées en grands mélodrames, il ne faut pas oublier que la vérité est une chose que l’on chuchote tout bas, comme dans un demi-sommeil… »

Lorsque la jeune Sarah arrive chez sa grand-mère, il y a une sorte d’atmosphère lourde qui éclipse le plaisir des retrouvailles. Et ce silence perdurera jusqu’à la presque fin du film. Sarah et sa grand-mère en ont peut-être trop sur le cœur. Et les années d’absence font en sorte qu’elles ne savent tout simplement pas quoi se dire. Sans oublier l’ombre de l’homme qui plane entre elles, le père, le fils…

Mais encore…

Avec Les routes en février, on assiste au parcours de deux femmes. Un parcours qui doit les mener à la réconciliation avec ce fils ou ce père perdu.

Deux femmes, deux générations, qui devront apprendre à communiquer l’une avec l’autre afin de soigner une vieille blessure.

Note : 8/10

Les routes en février est présenté au FNC les 11 et 12 octobre 2018.

[do_widget id=patreon_sidebar_user_widget-2]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième