« — Is it me or they’re lookin’ good?
— Oh, they’re lookin’ good! »
[— C’est moi où ils sont beaux?
— Oh, ils sont beaux!]
Jeune homme talentueux, Duma (Lemogang Tsipa) se sent prisonnier de son milieu, et bascule dans la délinquance. Après avoir évité une arrestation de justesse, il renoue avec sa passion pour le canoë-kayak, et y trouve une échappatoire. Steve (Grant Swanby), dont le mariage est au bord de l’implosion, est neuf fois médaillé d’or au marathon de canoë-kayak de Dusi. Sa passion pour le sport se nourrit d’un besoin d’échapper à son passé. Plusieurs événements imprévus pousseront Duma et Steve, que tout sépare, à participer au marathon de canoë-kayak de Dusi. S’ils doivent surmonter des obstacles, ils se rendront compte que le rêve que chacun tente désespérément d’accomplir ne peut se réaliser qu’en unissant leurs forces dans le canoë et au-delà de la rivière.
Inspiré de l’histoire vraie de Siseko Ntondini et Piers Cruickshanks, médaillés d’or du marathon de canoë-kayak de Dusi en 2014, Beyond the River, réalisé par Craig Freimond, nous livre un passionnant récit sur le triomphe de l’esprit humain.
Le Dusi Canoe Marathon est un marathon nautique qui se déroule sur une période de 3 jours entre Pietermaritzburg et Durban, en Afrique du Sud. Il longe les rivières Msunduzi et Mgeni sur une distance totale de 120 kilomètres. La course attire entre 1600 et 2000 pagayeurs chaque année, ce qui en fait le plus grand événement de canoë/kayak sur le continent africain.
La première étape est de 42 kilomètres et comprend 15 kilomètres de portage. La deuxième étape de 46 kilomètres vers le barrage Inanda comprend le confluent des fleuves Mgeni et Msundusi et une pagaie de 11 kilomètres traversant le barrage. La troisième étape, vers Blue Lagoon à Durban, est la plus courte, 36 kilomètres, comprenant une pagaie de 10 kilomètres d’eau calme à travers le lagon.
C’est cette course qui est au centre de l’histoire de Beyond the River.
Duma et Steve vivent dans deux univers complètement distincts. Le premier habite dans un bidonville, avec son père et sa petite sœur. Leur maison, comme celle des autres habitants du quartier, est constituée de 3 ou 4 petites pièces sans intimité, avec des murs en tôles. Steve, lui, habite de l’autre côté de la rivière, dans un luxueux appartement. L’un vit durement et doit trouver des moyens pour se nourrir et aider sa famille à se nourrir. L’autre a une vie facile, en tout cas au niveau financier et du confort.
Mais bien que tout semble les différencier, ils ont tous deux des difficultés qui les empêchent de s’accomplir et d’être heureux. Pour Duma, ses problèmes sont au niveau de la survivance, alors que Steve trouve les siens dans sa vie personnelle et dans un sombre moment.
Ces deux êtres que tout devrait séparer seront pourtant au centre de l’épanouissement l’un de l’autre.
Le film montre bien la réalité sociodémographique de l’Afrique du Sud. Des gens très bien nantis d’un côté, et des gens très pauvres de l’autre. Sans oublier le racisme. Car, bien qu’on n’en fasse pas un point central dans ce film, on comprend bien que ça ne plait pas à tout le monde qu’un Noir, pauvre, pagaie dans leur club de kayak. Pour le narguer, on ne cesse de dire à Steve qu’il devra s’adapter à l’« african time », chaque fois qu’il attend son partenaire.
Beyond the River est très classique dans son format. Oui, dès le début on peut assez bien prévoir ce qui arrivera et comment le film finira. Ça en fait un film facile qui ne surprend pas.
Mais le réalisateur réussit tout de même à offrir un film intéressant et, surtout, qui coule bien. Et l’image est tout simplement sublime. Les plans d’eau font rêver – si vous êtes un amateur de kayak.
Au final, Beyond the River devrait plaire à la majorité des gens. Un film qui se regarde sans trop d’efforts, mais qui réussira tout de même à intéresser un public plus difficile.
Beyond the River est présenté au Festival du Film Black de Montréal le 27 septembre 2018.
Note : 7/10
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