« Quelle idée absurde! »
Un film de zombies à petit budget tourné en un seul plan-séquence, qui raconte l’histoire d’une équipe de tournage voulant réaliser un film de zombies à petit budget en un seul plan-séquence, ça ne semble vraiment pas une idée de génie. Ajoutez à cela le fait que l’équipe de tournage en question tombe soudain sur de véritables zombies. Mais ceci n’est pas un simple film de zombies, et ce n’est pas non plus un film tourné en un seul plan-séquence. Il s’agit plutôt de la meilleure comédie japonaise de l’année : une histoire sur la relation père-fille et la valeur de la persévérance, et un méta-puzzle qui se déploie à l’écran, un bras coupé à la fois.
Lorsque j’ai vu le résumé de One Cut of the Dead (Camera wo Tomeru na, ou encore カメラを止めるな), de Shinichiro Ueda, j’ai tout de suite su que je devais voir ce film. Après tout, le résumé laisse croire à un film incroyablement mauvais. Et parfois, j’ai envie de voir des films cheapettes de zombies. Mais, au final, je ne sais pas si je dois être déçu ou content. Car ce film était simplement… génial!
Oui, l’idée du film dans le film semble récurrente dans mes critiques de l’édition 2018 de Fantasia. Et je vous assure que c’est un réellement un hasard. Et pour que cette formule du film dans le film fonctionne, il faut réussir à déjouer, voire à surprendre le spectateur. Sinon, c’est comme terminer un film sur « et ce n’était qu’un rêve… » C’est décevant.
Mais, ici, Ueda pousse la chose une coche plus loin. Je dirais même qu’il pousse la folie une coche plus loin. Il ajoute une troisième couche à l’idée du film dans le film. Et c’est avec cette couche qu’on comprend tout le reste et qu’on réalise à quel point il a eu une idée de génie. Et, du coup, One Cut of the Dead devient tellement plus qu’un simple film de zombies ou qu’une simple comédie d’horreur.
Honnêtement, je dois avouer qu’après 5 minutes de visionnement je me demandais un peu ce que je faisais là. Et je me demandais pourquoi je m’entêtais à vouloir sélectionner des films merdiques lors de divers festivals. L’an passé, j’avais fait ce choix douteux en sélectionnant le film le plus traumatisant que j’ai vu en plusieurs années avec The Night of the Virgin. Puis je me suis dit que tant qu’à être là, j’étais aussi bien de continuer.
Et là, je me disais que les acteurs étaient vraiment minables. Et que les effets visuels aussi. Puis je trouvais que l’histoire n’avait pas de sens. Puis que le scénario était particulièrement raté. Puis, ça devenait tellement mauvais que… Ah ok. C’était voulu. C’est un film dans un film. Et le film du film se veut être super poche. Ha ha ha! Puis, je trouvais que même le « vrai film » n’était pas très bon… Mais comment se fait-il que ce film, qui est tellement mauvais que c’en est divertissant, soit programmé à Fantasia?!? Puis arrive la 37e minute.
Générique
Quoi? Le film n’est pas censé durer 1h36?!? Fondu au noir. 😯
Puis ça recommence. Mais cette fois avec de la qualité. Oui, j’ai été berné. Malade! Génial! Je n’en dis pas plus, car je ne voudrais pas gâcher le plaisir de ceux qui auront la chance de voir ce « faux navet » de film de zombies cheap.
Dans One Cut of the Dead, on passe de cliché en cliché. Mais ces clichés permettent de rendre le film hilarant. Nao, cette femme complètement folle et épouse du réalisateur du film dans le film, est géniale. La voir se battre avec les zombies est jouissif. Quant aux deux acteurs principaux du navet de film dans le film, ils réussissent à être si incroyablement pas naturels que ça prend de superbes acteurs pour y arriver.
Et les zombies, et les techniciens (ai-je dit qu’il y avait un film dans le film?), et les producteurs… Je n’ai jamais tant apprécié des personnages aussi clichés. Mais c’est lorsqu’on montre la politesse légendaire des Japonais dans une situation d’engueulade que la comédie atteint son paroxysme. De voir ce pauvre réalisateur crier après le producteur juste avant de lui faire une révérence pour le remercier… Mais, de toute façon, il a été engagé en fonction de son slogan qui est : « Travaillons pour pas cher, rapidement, et moyennement ».
Comment un film dans lequel on se tape des acteurs cheaps courir dans des décors cheaps en affrontant des morts-vivants cheaps peut être si génial? Je sais, je me suis dit la même chose pendant 37 minutes. Mais vous savez quoi? Après il y a 59 autres minutes.
Et ces 59 minutes seront suffisantes pour vous faire encore plus apprécier le premier tiers du film. Parce que oui, One Cut of the Dead n’est rien de moins qu’un petit bijou. Une pure mine d’or de comédie.
Note : 8/10
One Cut of the Dead est présenté à Fantasia le 29 juillet 2018.
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