1991 – La recette de Ricardo

1991 - afficheVous souvenez-vous de votre premier voyage? En 1991, j’avais 21 ans, j’étais à l’université et tout le monde partait. Certains dans l’ouest Canadien, d’autres aux États-Unis. Moi ça été l’Italie. Pas parce que j’avais l’appel des grandes capitales culturelles. Non. Pour suivre la femme de ma vie. En 1981, j’étais persuadé que c’était Anne Tremblay. En 1987, j’ai changé d’idée, c’était Marie-Josée Lebel. Mais oubliez ça, c’est en 1991 que j’ai rencontré la vraie femme de ma vie, Marie-Ève Bernard (Juliette Gosselin). C’est pour ça que le jour où elle m’a donné rendez-vous à Perugia, je suis allé la rejoindre, pis, comme d’habitude, ça a été compliqué!

Après nous avoir entraînés dans son enfance avec 1981 et son adolescence avec 1987, Ricardo Trogi nous propose un beau voyage en Italie avec 1991.

Un beau voyage? Disons un voyage mouvementé.

1991 - Ricardo Trogi
Ricardo

Le jeune Ricardo (Jean-Carl Boucher) a 21 ans en 1991, fréquente l’UQAM en cinéma bien sûr et a une blonde du nom de Marie-Ève Bernard. Du moins, il pense que Marie-Ève est la femme de sa vie.

Je vais vous dire d’emblée que j’ai adoré ce film parce que je m’y suis totalement reconnu. Mon premier voyage a été aussi en Italie, en train, et je croyais aussi dur comme fer au principe de « la femme de ma vie ».

1991 - Les parents
Ricardo et ses parents

Ricardo réussit à convaincre ses parents qu’il doit aller passer l’été en Italie pour suivre des cours d’italien. Évidemment, c’est un prétexte pour aller retrouver sa belle Marie-Ève. Mais comme dit le texte de présentation, ça a été compliqué…

Tous les éléments de son voyage sont certainement tirés d’expériences vécues, par le vrai Ricardo Trogi, tellement ils me rappellent les mêmes expériences lors de mon premier voyage : le voyageur sans billet qui s’impose, les jeunes Allemandes, la perte de ses papiers et passeport, « l’Auberge espagnole » où l’on doit partager tout avec tout le monde, etc., et même la première confrontation avec l’homosexualité.

1991 - avion
En route vers l’Italie

Les personnages sont d’une justesse et d’une grande beauté. Il faut absolument souligner encore une fois la performance de Sandrine Bisson, qui joue la mère de Ricardo. Pas qu’elle me rappelle ma mère, mais une certaine matante… Le père (Claudio Colangelo) qui cache des bouteilles de vin partout pour boire en cachette, le passager du train (Alexandre Nachi) que l’on reverra plusieurs fois et Mamadou (Mamadou Camara), le noir coloc de Ricardo qui a une très belle présence à l’écran.

On rit peut-être moins dans 1991 que dans les deux premiers films, mais la réflexion y est plus présente et profonde. Ricardo vit des expériences marquantes et déterminantes pour le début de sa vie d’adulte. Il saisit que la vie peut être belle et cruelle en même temps. Il comprend que ce n’est pas parce que l’on aime quelqu’un que l’on sera aimé également par cette personne. Ça peut être une autre personne qui nous aime et que l’on passe à côté d’un grand amour si l’on reste aveuglé par sa première flamme.

1991 - Ricardo et Marie-Eve
icardo et Marie-Eve

Un très bon Ricardo Trogi, malgré quelques lenteurs dans le rythme parfois, mais un excellent mélange de narration, d’action, d’allégories en noir et blanc (comme le faisait Fellini), et d’humour, toujours présent dans ses films.

À voir et à écouter. 1991 vaut le déplacement ne serait-ce que pour la scène finale qui nous présente le visage de Ricardo dans le train, réfléchi, satisfait et qui a pris de la maturité grâce aux expériences que la vie vient de lui soumettre. Ricardo en revient moins naïf.

Note : 9/10

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