« — Le prix des cigarettes augmente aujourd’hui.
— Oh non… »
La trentenaire Miso (Lee « Esom » Som) vit au jour le jour et de paye en paye comme femme de ménage. Elle habite un appartement minuscule, à peine chauffé, et le whiskey et les cigarettes sont ses deux seules et constantes sources de réconfort. Mais lorsque le gouvernement décide d’augmenter le prix des clopes du jour au lendemain, son budget s’en trouve complètement déséquilibré. Que faire? Mettre fin à ses vices… ou bien renoncer à son logis? La solution lui apparaît évidente, bien que farfelue : Miso rassemble ses quelques possessions dans une seule valise, et opte pour l’itinérance! Pour l’occasion, elle recontacte ses anciens amis d’école et leur demande un peu d’hospitalité… Et ainsi, débute son étrange périple dans la vie d’autrui, comme au travers de la sienne, et du paysage social de la Corée du Sud d’aujourd’hui!
Avec Microhabitat, Jeon Go-woon signe une comédie dramatique forte, nous amenant – par Miso – d’un environnement social à un autre, peignant ainsi un portrait complexe et tragi-comique de la société coréenne actuelle. En plus, elle crée un personnage féminin fort et sans complexes.
Dans la vie, on doit constamment faire des choix. Dans le cas de la jeune Miso, ses choix sont souvent en lien avec l’argent. Parce que quand on n’en a pratiquement pas, c’est un problème qui revient tout le temps. La jeune femme habite dans un appartement crade et froid. Tellement froid que son copain et elle remettent au printemps leurs rapports sexuels. Et ce, malgré que son copain fait partie de ses trois seuls plaisirs dans la vie – avec le whiskey et les cigarettes.
Mais quand le prix des cigarettes augmente, son délicat équilibre est bouleversé. Heureusement qu’il y a encore des cigarettes pas chères. Mais une autre augmentation, celle du prix du loyer, vient détruire ce nouvel équilibre lié aux cigarettes « cheap ». Elle doit donc faire le plus gros choix de sa vie : fuck le loyer! on se concentre sur le whiskey et les cigarettes. Et vraisemblablement, aller vivre avec son copain n’était pas une option.
Miso, ce personnage magnifique dont le non-conformisme compulsif devient tout simplement inspirant, est merveilleusement joué par la jeune Esom. Elle part donc à la recherche de ses anciens amis musiciens du secondaire. Tous des gens avec qui elle n’a plus vraiment de contact.
Elle arrive chez ces gens qui, avec le temps, se sont tous retrouvés dans des situations économiques et sociales différentes. Mais ce qui est particulièrement bien avec le voyage de Miso, c’est qu’elle nous permet de découvrir la diversité de la société sud-coréenne. Riche, pauvre, divorcé, carriériste, psychotique, altruiste égoïste… chaque personnage, ainsi que les membres de sa famille, représente, sans caricature, le Coréen réel.
Mon seul questionnement est à savoir si les Coréens seraient aussi accueillants dans une vraie situation similaire. Car je sais pertinemment que ça ne serait pas vraisemblable au Québec.
Microhabitat est le genre de film qu’on regarde avec plaisir. Un film qui nous fait réfléchir sans pour autant nous prendre la tête. Je vous invite donc à découvrir une jeune actrice et une jeune réalisatrice de grand talent!
Note : 8.5/10
Microhabitat est présenté à Fantasia les 13 et 15 juillet 2018.
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