De nos jours, les femmes occupent de plus en plus de place dans le milieu du cinéma. Nous n’en sommes pas encore à une parfaite parité, notamment au niveau des subventions, mais il y a tout de même eu de belles avancées au fil des décennies. Des organismes, dont Réalisatrices Équitables au Québec, luttent activement pour l’équité pour les femmes dans le domaine de la réalisation.
Ce qui retient ici notre attention est le cycle Femmes, femmes présenté à la Cinémathèque québécoise, du 2 juillet au 26 août 2018, au cours duquel seront projetés plus de 100 films, réalisés par autant de femmes cinéastes qui ont marqué l’univers cinématographique. Monique Simard et Sophie Deraspe – son film Les signes vitaux (2009) sera notamment présenté le 21 août – agissent à titre de porte-paroles du cycle.
Femmes, femmes, ce sont des films réalisés par des femmes d’un peu partout sur la planète, des années 1910 à nos jours. Parmi les plus anciennes productions, le programme Cinéma muet en musique du 24 août présente un film d’Alice Guy – première réalisatrice de l’histoire du cinéma avec La fée aux choux (1896) –, de même que l’Américaine Cleo Madison, dont la carrière de réalisatrice ne dura qu’une seule année (1916), ce qui ne l’empêcha pas d’avoir une filmographie impressionnante : une quinzaine de courts métrages et deux longs métrages, et l’Afro-américaine Zora Neale Hurston, figure majeure de la littérature de la décennie 1920 qui utilisa le cinéma à des fins anthropologiques.
La programmation est très variée; tout le monde peut y trouver son compte. Des films noirs à d’autres de science-fiction, en passant par des films d’auteur et des adaptations. On y retrouve entre autres, le 7 juillet, Baise-moi de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi (France, 2000) qui avait beaucoup choqué à sa sortie, étant l’un des tout premiers films à présenter des scènes de sexualité non simulées sans être un film pornographique. Le 14 août, pour célébrer le 92e anniversaire de la réalisatrice italienne Lina Wertmüller, la comédie politique autour d’un complot visant à assassiner Mussolini, Love & Anarchy (Italie et France, 1973, prix d’interprétation masculine à Cannes en 1973 pour Giancarlo Giannini), sera également présentée.
En tant que critique de cinéma et littéraire, je dois avouer que deux soirées m’intéressent tout particulièrement. Le 29 juillet, on présente deux adaptations de roman de Virginia Woolf : Mrs Dalloway de Marleen Gorris (Royaume-Uni et Pays-Bas, 1997) et Orlando de Sally Potter (Royaume-Uni, 1992). Le 20 août, l’auteure Marie-Claire Blais sera présente lors de la projection du film Le sourd dans la ville, touchante adaptation de son roman signée Mireille Dansereau (Québec, 1987). La discussion qui s’en suivra avec l’auteure et la réalisatrice ne pourra qu’être intéressante.
Pour la programmation complète, visitez le site de la Cinémathèque québécoise.
Une célébration des femmes du 7e art à ne pas manquer!
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C’est beau, la force du nombre. Sauf qu’à programmer autant de films, qui ne jouent qu’une seule fois, on crée des conflits d’horaire (ou on s’en fout, fuck la marmaille!), parce que la vie a d’autres priorités que le cinéma. Pourquoi projeter des chef-d’oeuvres une seule fois? Me semble que la décence (et le respect, à la fois pour les oeuvres et les cinéphiles) aurait dû faire en sorte que les films soient projetés plus d’une fois…
C’est effectivement une question qui mériterait à être posée à la Cinémathèque québécoise. Car évidemment, personne ne sera en mesure de voir tous ces films sur place.
C’est évident qu’il est difficile, voire impossible, d’assister à l’ensemble des projections. Mais ce format ne diffère pas vraiment de celui des festivals. Mieux vaut avoir une chance de voir certains de ces films (dans certains cas, introuvables) qu’aucune. Ce n’est certes pas parfait, mais c’est tout de même un événement estival très intéressant.