« Comment a été ta journée papa? »
« Bien. Mais elle est bien meilleure quand j’te vois! »
Joey est un homme qui vit, chaque jour, la tragédie et la comédie, en tentant d’équilibrer une montagne russe émotionnelle, tout en espérant le meilleur.
The Final Act of Joey Jumbler est un court métrage québécois qui montre non seulement les difficultés d’être clown, mais aussi comment un homme doit parfois surmonter plusieurs épreuves à la fois. C’est aussi une fenêtre ouverte sur les éternelles deux solitudes du Québec.
Parmi les métiers que je ne voudrais pas faire, il y a celui de clown. Pourquoi? Parce que peu importe votre état d’âme, vous devez faire comme si vous étiez pétillant de joie. Et c’est certainement là que réside tout le défi dans le cas de Joey Jumbler. Le réalisateur expliquait d’ailleurs ceci : « J’ai choisi pour lui d’être un clown, car c’est la profession la plus exigeante dans le domaine du divertissement que je puisse imaginer. Être clown, c’est comme jouer, mais la seule différence est qu’un clown doit constamment rendre les autres heureux, même s’il ne l’est pas. »
Non seulement il doit, par moments, se « taper » des snobs qui ne le respectent pas, mais il doit surmonter de grandes difficultés au quotidien. Honnêtement, Joey serait un homme à classer dans la catégorie des personnes ayant une force intérieure incroyable.
Au-delà de la vie du clown, le film traite d’un sujet plus complexe : la relation entre les francophones de la classe ouvrière et les riches anglophones. Évidemment, en 2018, ce genre de relation est assez rare. Mais le mépris avec lequel Joey est traité par les hôtes de la fête est très représentatif d’un sentiment encore bien présent au Québec.
On pourrait dire que le mépris de la famille pour lui est une référence aux origines historiques des problèmes franco-anglais au Québec/Canada. Et lorsque la bonne ouvre la porte et dit d’emblée à Joey qu’il n’est autorisé à parler qu’aux enfants, on comprend tout de suite ce qu’il est pour les propriétaires de la riche demeure. Cette allégorie politique est un des bons coups du jeune réalisateur.
L’idée du film serait venue lorsque le jeune homme travaillait sur son premier film, Mirage. Il discutait avec Alain Boucher, son acteur, qui lui expliquait à quel point il est difficile de vivre en tant qu’acteur au Québec. Puis, il lui a parlé de sa situation personnelle plutôt délicate. C’est de là qu’est né le projet de The Final Act of Joey Jumbler.
Je ne sais pas si ce film aura la visibilité qu’il mérite. Par contre, je suis convaincu que nous entendrons à nouveau le nom de ce jeune réalisateur.
Note : 8/10
Voici le film :
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