Les courts lauréats au Gala Québec Cinéma

Le 3 juin dernier, on célébrait le cinéma québécois au Gala Québec Cinéma. Je vous parle ici des deux courts métrages primés. Pourquoi ces films-là? Parce que je crois que l’on ne parle pas suffisamment des courts métrages parmi lesquels se trouvent de véritables bijoux cinématographiques.

En voici deux qui méritent d’être vus :

Toutes les poupées ne pleurent pas (Frédérick Tremblay)

L’envers du décor, ou La création expliquée

Toutes les poupées ne pleurent pas de Frédérick TremblayUn homme et une femme s’affairent à la réalisation d’un film d’animation. Il anime la nuit, elle fabrique et répare les accessoires le jour. Derrière le décor, une femme attend son entrée en scène.

Le film n’en est pas à sa première récompense. Sa tournée des festivals a été fructueuse. Et on comprend vite ce qui le rend si unique et intéressant.

En ces temps où la 3D est à l’honneur, il est agréable de se plonger dans un tout autre univers : le stop motion, soit une technique d’animation image par image (c’était là aussi la technique du court métrage La maison du hérisson d’Eva Cvijanovic, également finaliste au Gala).

Frédérick Tremblay a utilisé du masking tape (eh oui, ce ruban souvent employé pendant que l’on peinture afin de ne pas dépasser) afin de créer ses décors et marionnettes. Cela donne une texture tout à fait particulière, brute.

Toutes les poupées ne pleurent pas de Frédérick TremblayCe que ce film met de l’avant, c’est notamment l’idée de finitude. Une figurine peut être remplacée par une autre. Rien n’est éternel. Et c’est montré dans une sorte de suspense, mais un suspense d’une belle lenteur, avec une belle sensibilité.

C’est aussi la technique d’animation expliquée, en ce sens que l’on voit les personnages qui réalisent un film en stop motion. On voit ainsi de quelle manière les marionnettes sont fixées, prises en photo afin de les rendre animées.

Un très beau court métrage!

Pre-Drink (Marc-Antoine Lemire)

Franchir le pas…

Pre-Drink - afficheAlexe (Pascale Drevillon) est une jeune femme trans, et Carl (Alex Trahan), un homme gai. Meilleurs amis depuis toujours, ils passent une soirée déstabilisante lorsqu’ils décident de coucher ensemble pour la première fois.

Nommé meilleur court métrage canadien au TIFF 2017, Pre-Drink est dans l’ère du temps par les personnages LGBTQ qu’il met en scène. Les rapports entre les deux personnages sont montrés crûment et, à la fois, avec une grande sensibilité. La langue des personnages n’est pas soignée; on est entre amis, on s’insulte en gardant le sourire, les « t’es con » pleuvent.

Mais plus le film avance, plus la tension monte entre les personnages. Une tension sexuelle. Est-ce possible de franchir cette limite en amitié sans que tout ne soit gâché? Ce l’est très certainement pour certaines personnes, mais comment peut-on être certain avant de l’avoir vécu…

Bien que le personnage central (tout comme l’actrice d’ailleurs) soit une transgenre, on aborde peu ce point. On sait qu’une opération est à venir pour terminer le processus, mais ce n’est pas l’essentiel du film. C’est la relation d’amitié entre Alexe et Carl qui prévaut.

Pre-Drink - caresseCe n’est pas tant le regard sur la transgenre que le simple rapport au corps, comme l’expliquait Pascale Drevillon : « Ça parle de la relation qu’on a avec notre corps, de la relation que nos meilleurs amis ont avec notre corps qu’ils ont vu parfois grandir et, dans ce cas-là, changer. »

L’esthétique du film est aussi intéressante. La scène d’amour est particulièrement belle. Les personnages jouent bien, les regards en disent long. Les ralentis et les tons chauds s’harmonisent aux caresses. Si les personnages ont d’abord en tête de baiser, ils finissent par faire l’amour.

La sexualité au-delà des genres.

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