Samui Song – Qui prend mari prend gourou

« Il est mort? »

Samui Song - afficheViyada (Chermarn Boonyasak), une actrice de téléroman, cherche à se débarrasser de son richissime mari tombé sous le joug d’une secte. Elle rallie à sa cause un homme rencontré par hasard qui, de son côté, flaire le coup d’argent. Mais la violence engendre la violence et les cadavres ont la fâcheuse idée de s’accumuler dans cette comédie aussi noire qu’imprévisible.

Avec Samui Song (Mai Mee Samui Samrad Ter), le réalisateur thaïlandais Pen-ek Ratanaruang offre un violent thriller qui n’est pas sans rappeler certains films de Tarantino ou des frères Coen. Oui, les incertitudes et les morts s’accumuleront…

La société thaïlandaise

Samui song - société thailandaise 1
La sectes bouddhistes à laquelle appartient le mari

Les sectes bouddhistes alternatives gagnent de plus en plus en popularité en Thaïlande. Les gens sont devenus désillusionnés avec le bouddhisme traditionnel – comme c’est le cas avec beaucoup de religions. Presque tous les jours, vous pouvez lire que des moines ou des abbés de tous grades reçoivent des pots-de-vin, commettent des fautes sexuelles, se droguent, vendent des armes à feu, etc. Les Thaïlandais sont-ils particulièrement religieux? Selon le réalisateur, ils sont plutôt superstitieux : « Nous succombons à l’aura surnaturelle. Si quelqu’un avec du charisme, possédant une forte personnalité et qui prétend posséder des pouvoirs divins arrive, un nouveau culte peut facilement être établi. » Voilà donc un des thèmes de Samui Song.

On montre aussi que les femmes ont un rôle disons… archaïque. Par exemple, pour vivre avec succès dans cette société, les femmes doivent absolument « être de bonnes actrices », ajoute le réalisateur. Elles doivent en effet jouer les différents rôles que la société exige d’elles. Ce rôle va varier en fonction de la personne avec qui la femme interagit : être obéissante devant les parents, être mignonne et impuissante avec les copains, être soumise avec le mari, jouer la stupide avec les patrons, etc. La lutte de la femme n’est pas tant physique que psychologique. Pen-ek Ratanaruang ajoute même que « si vous êtes brillante et franche, vous êtes destinée à rester célibataire. » Ayoye! Et ça, peu importe la classe sociale de la femme.

Samui song - Société thailandais 2
Viyada et Jérôme, son mari

Puis, il y a le phénomène des mariages interculturels de la classe supérieure, qui est de plus en plus courant à Bangkok. « À quel point leur vie peut sembler absurde pour une personne ordinaire. Quel genre de conflits un tel couple traverse-t-il, quand ils semblent avoir tout? Pour un, les Thaïlandais n’ont pas le concept d’arrangement prénuptial, alors que pour les Occidentaux, c’est plus commun. Ces petites différences culturelles commencent à s’infiltrer, formant ainsi la base de mon histoire. », expliquait le réalisateur par rapport à ce troisième thème.

Pas clair tout ça

Samui song - Pas clair
Vi et Guy

Honnêtement, ces 3 thèmes sont vraiment très intéressants et permettent à Ratanaruang de développer des relations intéressantes entre ses personnages. Et les aventures de Vi et de Guy sont vraiment amusantes. Il y a une belle satire dans tout ça.

Malheureusement, tout ça n’est pas clair. Les liens entre les différentes séquences sont incomplets et, du coup, on en vient à être perdu. Certaines ellipses de temps rendent l’histoire très difficile à suivre. Je pense surtout à ce saut de 4 ou 5 ans après la fuite d’un des personnages. On finit par comprendre que le temps a passé un bout après que ça se soit produit. Ça gâche un peu la chose…

Et je ne parlerai pas de la fin qui n’est pas vraiment plus claire. Je ne veux pas vendre le punch. Mais après 100 minutes d’écoute, j’aurais apprécié une fin mieux ficelée.

Mais encore…

Samui song 5 - Guy
Guy

On ne peut pas nier que ce long métrage comporte de très bons moments. Je pense entre autres à la rencontre entre Viyada et Guy à l’hôpital alors qu’il tente de lui parler et qu’elle le repousse assez violemment. Ou encore cette scène où Guy tente d’assassiner le mari de Vi. Non, ce n’est pas facile de tuer quelqu’un…

Samui Song est, au final, une satire moderne de la classe supérieure thaïlandaise. Un film noir qui se veut une ode, en quelque sorte, au cinéma lui-même.

Note : 6.5/10

Samui Song est présenté au Venice Days Festival le 5 mai 2018.

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