Ava – Bannie

« Je n’ai pas de mère »

Ava - afficheAva (Mahour Jabbari), jeune Iranienne de 17 ans, conteste les règles strictes de son éducation traditionnelle et apprend que sa mère a également enfreint les règles en tant que jeune femme.

Ava est un récit initiatique vers l’âge adulte où la confiance entre une jeune Iranienne et sa mère est mise à rude épreuve après une troublante visite chez le gynécologue. Derrière cette brûlante quête intérieure d’une adolescente rebelle de 17 ans qui tente de s’affranchir à la fois de l’autorité parentale et de fondements socioculturels profondément ancrés et régulés, Sadaf Foroughi propose une puissante critique d’une société qui étouffe la créativité et l’expression de soi à un âge des plus vulnérables.

Le film a obtenu neuf nominations pour la remise de prix aux Écrans canadiens 2018, et a reçu les prix du meilleur premier long métrage ainsi que celui de la meilleure actrice de soutien. Il a également reçu le prix Découverte du FIPRESCI au TIFF 2017 et une mention honorable pour meilleur premier film canadien.

La société iranienne

Ava - La société iranienne
Le père d’Ava l’attend à la sortie du cours de musique

Ava est le deuxième film qui traite de la vie en Iran, après Téhéran Tabou, que je vois en moins d’un mois. Et je dois avouer que, pour la deuxième fois, je suis troublé par un film magnifique et par une société hypocrite qui fait beaucoup pour détruire les humains qui l’habitent.

Pour parvenir à décrire la société iranienne de façon authentique, la réalisatrice a dû tourner assez rapidement. C’est donc à Téhéran, sur 18 jours, que Ava a été tourné.

Que dire de l’Iran? Je me contenterai de dire qu’il s’agit d’une société très fermée qui ne permet pas aux gens de s’embrasser dans la rue. Une société dans laquelle les femmes, et moins encore les jeunes femmes, n’ont le droit à une opinion. Il s’agit d’une société où le mot liberté ne signifie certainement pas la même chose qu’en Occident.

La relation mère/fille

Ava - La relation mere fille
Un beau cadre qui montre la division au sein de la famille

C’est par la relation mère/fille qu’on découvre la triste vie en Iran. Ava ne demande pas grand-chose à la vie. Elle ne veut que pouvoir rencontrer ses amies sans devoir répondre à un interrogatoire, aller à l’école sans que sa mère reste devant la grille de l’établissement jusqu’à ce qu’elle rentre dans l’école et pouvoir jouer du violon.

Mais la mère mène la jeune femme d’une poigne de fer. D’ailleurs, Ava est souvent ridiculisée par ses amies dû à cette mère trop présente et trop intrusive. Mais le jour où l’adolescente rencontre un garçon en cachette, tout dérape.

La mère amène de force Ava chez une gynécologue afin de vérifier si celle-ci n’a pas « déshonoré » sa famille. Malgré la promesse de la jeune femme, la mère persiste à ne pas lui faire confiance. Ava en sort traumatisée et la colère et la haine s’installent.

Mais lorsqu’Ava découvre que sa mère avait elle aussi enfreint certaines « règles » lorsqu’elle avait le même âge, Ava confronte sa mère. Cette dernière refuse d’avouer ce que sa fille sait déjà. Désorientée et enragée, Ava fait une tentative de suicide en classe. S’ensuit une guerre entre les deux femmes qui laisse le père coincé entre elles. Mais de quel côté penchera-t-il? Sa fille adorée, ou son hystérique de femme? Sans oublier la directrice de l’école qui ne pense qu’à protéger la réputation de son institution…

Bannie par tous

AVA - Bannie par tous
Ava (Mahour Jabbari)

Le film raconte l’histoire d’une adolescente qui est bannie de toutes les institutions sociales simplement parce qu’elle veut « être ». Dans les faits, c’est sa mère qui est la cause de toutes les misères de la jeune femme. Elle s’ingère dans la vie scolaire, elle menace les familles des amies d’Ava et elle détruit les rêves de carrière musicale de sa fille en la dépossédant de son instrument et, du coup, en l’empêchant de pratiquer pour participer à un concours important.

Évidemment, les quelques amies finissent par ostraciser la pauvre fille. Ava se sent incomprise et tourmentée. La pression la mènera à ce coup de ciseau au poignet.

Mais encore…

Ava- Mais encore
Ava risque une sortie avec un garçon

La réalisatrice expliquait qu’Ava est « un portrait autobiographique. C’est une lettre d’amour à l’adolescence que j’ai perdue ». Honnêtement, après le visionnement du film, j’avais un grand sentiment de frustration. Comment, en 2017, ce genre de société peut-elle encore exister?

Puis en faisant des recherches pour écrire le présent texte, je tombe sur un article qui explique qu’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a refusé un visa de 10 jours aux deux jeunes actrices principales du film. Et quelle est la raison de ce refus? « No comments ». Le visa devait simplement permettre aux deux jeunes femmes d’être présentes pour la première mondiale du film au TIFF. Dois-je voir dans ce refus une collaboration du gouvernement canadien au maintien de la situation iranienne?

Quoi qu’il en soit, avec ce long métrage, Sadaf Foroughi, originaire de Téhéran, crée une œuvre étonnante, d’une grande sensibilité, autour d’un personnage féminin d’une belle complexité. À mettre sur votre liste de film à voir absolument!

Note : 9/10

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