« Madame! Ce n’est pas une étable ici. C’est un lieu respecté.
On respecte la file comme tout le monde. »
Abdelkader (Mouhcine Malzi) est vigile et Malika (Nadia Kounda) est employée de maison. Ils viennent de se marier et sont fous amoureux. Malgré des problèmes d’argent, ils rêvent d’emménager ensemble et de vivre leur amour. Un jour, Abdelkader va vivre un épisode d’une grande violence et d’une grande humiliation qui va chambouler leur destin.
Présenté à Cannes à Berlin et à Venise, Volubilis, de Faouzi Bensaïdi, arrive au Centre Phi (à Montréal) dans le cadre du festival Venice Days. Un film qui traite des inégalités de la société marocaine à travers l’histoire d’amour impossible vécue par Abdelkader et Malika.
Il est gardien de sécurité et elle femme de ménage; ils s’aiment, leur amour est magnifique et romantique. Ils se marient, mais continuent à vivre dans les maisons respectives de leurs parents. Évidemment, c’est une situation terrible. Surtout que les deux familles sont nombreuses. Du coup, leur condition sociale fait en sorte que leur intimité est violemment contrariée. Mais ils sont trop pauvres pour avoir leur propre maison.
Avec des plans rapprochés et des gros plans, le réalisateur réussit à montrer de façon magnifique cet amour. L’image est belle et les plans sont bien choisis. Une des premières scènes de Volubilis montre Abdelkader qui crème les mains de Malika. On peut y voir tout l’amour et toute la passion brûlante que leur relation contient.
Une des plus belles scènes du film survient lorsque les deux amoureux font pratiquement l’amour sans même se toucher dans une magnifique scène au restaurant. Ça, c’est ce que j’appellerais de la passion pure.
Pour Abdelkader, son travail c’est sa dignité, son honneur. Il met beaucoup d’importance à s’assurer que son costume est beau, propre. Mais lorsqu’une erreur de jugement lui fera perdre son travail, c’est aussi sa dignité qu’il perd. Même si, aujourd’hui, avoir un travail ne garantit pas la dignité.
Mais qu’arrive-t-il si votre perte de dignité est amplifiée par un homme qui utilise votre perte pour vous humilier? La frustration? La honte? Le désir de vengeance? Peut-être les trois en même temps. Et si vous jugez qu’il n’y a plus d’espoir?
Volubilis a été tourné à Meknès, lieu de naissance du réalisateur. C’est aussi là que se déroule l’intrigue du film.
Une chose m’a semblé intéressante dans ce film. Une chose qui n’a rien à voir avec la qualité du film, mais plutôt avec l’état actuel des choses au Québec. Nous sommes en plein débat sur le port du « foulard ». Et au Maroc, pays à majorité musulmane, les femmes ne sont pas obligées de le porter, mais le font par choix. Il y a de quoi mettre le feu aux poudres, ici…
Au final, Volubilis est l’histoire d’un couple qui doit survivre à une situation difficile. Une histoire touchante, sans pour autant être larmoyante. Un film qui montre une réalité marocaine, celle d’une famille pauvre qui, malgré les efforts, ne parvient pas à garder la tête hors de l’eau.
Note : 8/10
Le film sera projeté au Venice Days Festival les 30 avril et 3 mai 2018.
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