« Ok get naked! »
« Ok déshabille-toi! »
Bridgette Bird (Frankie Shaw) est une jeune mère célibataire qui lutte pour équilibrer son ancienne vie de liberté avec sa nouvelle vie de mère. Elle invite une vieille connaissance (Thomas Middleditch) à son studio tandis que son fils fait une sieste.
Avec SMILF, film présenté à Sundance, l’actrice et réalisatrice Frankie Shaw offre un court métrage sans complexe, dans lequel elle aborde un des tabous qui concerne les nouvelles mamans : la sexualité. Thème déjà peu abordé dans les couples, qu’en est-il lorsque la nouvelle mère est, en plus, célibataire?
La sexualité d’une nouvelle maman… on en parle peu. Très peu. Quiconque a un bébé sait que ce n’est pas toujours évident de trouver du temps pour ça. Mais qu’en est-il d’une mère célibataire? Trouver le bon moment n’est déjà pas facile, mais s’il faut en plus trouver le partenaire et faire « matcher » ça… ouf.
C’est pour ça, entre autres, que Bridgette fait appel à un ancien amant pour, disons, l’aider. Sa technique manque peut-être de subtilité d’ailleurs. Mais ça ne semble pas arrêter l’ex en question qui arrive rapidement après un texto qui ne laissait aucune place au doute. Et ce n’est pas l’accueil, encore là, très direct qui l’a arrêté. « Ok get naked » n’est pas une phrase qu’on se fait généralement lancer alors que la porte est à peine fermée.
Mais, au fait, il est où le bébé?
Mais le thème du sexe en cache un autre, plus sérieux : l’acceptation de son corps. Ce n’est pas un secret : après avoir eu un bébé, le corps de la femme change. Mais c’est parfois les choses qui ne changent pas tant ou encore celles dont on n’est pas certain(e) du changement qui peuvent être le plus dérangeantes.
Pour Bridgette, c’est les possibles traces lassées par le passage de son petit Larry qui la tracassent. La « grosse tête » de bébé a-t-elle rendu certains tissus moins… serrés? Sans oublier les parties du corps qui sont un peu moins fermes. Peut-être devrait-elle avoir recourt à la chirurgie esthétique pour remédier à ses « ramollissements »? La pauvre Bridgette n’aurait pas dû lire des articles sur internet. Ceux-ci causent souvent plus de dommages que l’accouchement.
SMILF est beaucoup plus qu’une comédie sur une femme qui n’assume pas totalement son nouveau rôle de mère. Oui, le scénario est familier. Mais en lui insufflant une nouvelle perspective, Shaw construit un personnage attachant – une femme aux prises avec son image, farouchement maternelle, mais qui cherche à se redéfinir à travers les normes de la société.
C’est, d’ailleurs, à travers de telles histoires que les débats académiques que nous avons sur la représentation du corps dans le divertissement deviennent tangibles. Il est impossible d’imaginer SMILF venant d’un homme. En tout cas, pas ainsi.
Le court métrage est arrivé en 2015 au moment où le féminisme renaissait aux États-Unis. Et c’est ce mouvement qui, en 2017, est devenu cette bombe qui a secoué l’industrie du divertissement.
Pour ceux que ça intéresse, le film a mené à une série télé très bien reçue. La deuxième saison sera disponible en 2018. Je vous laisse sur cette superbe chanson qui accompagne la fin du film.
Note : 8.5/10
Et voici le film
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