Zino (Tewfik Jellab), 25 ans, vient de perdre sa mère. Rupture d’anévrisme, jeune cinquantaine.
Des Algériens à Paris.
Après les funérailles et le vide laissé par l’absence maternelle, Zino décide de retrouver son père, dont il n’a qu’un très vague et lointain souvenir.
Il se présente à une adresse, mais sa recherche aboutit sur une femme, élégante et de l’âge qu’aurait son père. Cette femme est son père.
Lola Pater parle de la difficulté de vivre un choix de sexe contraire à ce que la nature nous a servi.
Le père est devenu une femme. Par choix? Le film donne la parole au père-femme : « … dans un corps qui n’est pas à toi… » Elle tente d’expliquer à son fils jusqu’à quel point elle était mal dans son être et qu’elle a dû prendre la fuite…
On parle donc de transgenre. Un homme (Algérien, musulman) qui s’est marié, a conçu un garçon, puis s’est enfui de ce rôle d’homme marié pour devenir ce qu’il était vraiment : une femme, lesbienne!
Ce film porte la qualité de nous exposer toute la problématique des transgenres, de leur paternité et des aspects légaux qu’un tel choix comporte. Aussi, du milieu assez fermé du monde musulman face à ces phénomènes auxquels la vie moderne nous confronte, en Occident.
Par contre, un choix que le réalisateur a fait peut questionner le spectateur : celui du premier rôle; Fanny Ardent a certes plus de caractéristiques dites masculines que disons Sandrine Bonnaire, mais c’est quand même Fanny Ardent! Elle est une immense comédienne qui joue ici le rôle d’un homme qui est devenu femme! Jusqu’à maintenant, dans les médias, les exemples d’hommes devenus femmes donnaient des traits un peu grossiers, des hanches, une mâchoire plus carrée, un nez plus gros que celui des femmes, des épaules larges, etc.
Fanny Ardent étant née femme, elle ne correspond pas à l’archétype des trans. Elle est une femme vieillissante (69 ans bientôt) qui possède toutes les caractéristiques du genre féminin.
Le réalisateur semble avoir fait le pari que l’on croirait que cette femme (Fanny Ardent) était autrefois un homme. Il aurait pu (et peut-être dû…) choisir un acteur qui aurait tenté de nous faire croire qu’il était maintenant une femme…
Faut-il se demander si le réalisateur a plutôt pensé qu’il pourrait mieux vendre son film avec un gros nom?
Mis à part ce très important détail, le film est bien fait, les comédiens sont très efficaces, l’histoire est bien menée du début à la fin.
Cette histoire ouvre la porte aussi à une réflexion sur le choc de la vie actuelle avec les valeurs établies. Le réalisateur algérien a choisi de placer son film dans un milieu familial algérien, ce qui pourrait ajouter un dramatique décalage de valeurs. Mais, mis à part que Zino n’est pas un jeune Français d’origine aux valeurs ouvertes et modernes, le fait qu’il résiste à cette réalité (son père est une femme), on trouve quand même une assez belle évolution entre le début et la fin du film.
Finalement, c’est le spectateur même, il ou elle, qui se prend au piège de juger et d’accepter ou non le phénomène du changement de sexe.
La qualité première de Lola Pater sera donc une réflexion obligée sur des valeurs morales devenues incontournables dans notre société actuelle.
Nadir Mouknèche réussit malgré tout à nous émouvoir à travers des qualités humaines au-delà du genre masculin ou féminin.
Note : 7/10
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