« Après quelques jours de cohabitation, j’ai décidé que le reptile me convenait. Il était différent des autres animaux domestiques. Il imposait une sorte de respect. Posséder une telle bête est comme couvrir sa peau de tatouage. Les gens vous perçoivent différemment. Vous endossez une nouvelle personnalité, un peu mieux définie que la précédente. »
Les enfants moroses de Fannie Loiselle
Lorsqu’une jeune femme solitaire (Marilyn Castonguay) découvre un bébé python dans son appartement, son quotidien se métamorphose. Cette mystérieuse rencontre libère des pulsions enfouies et laisse place à sa vraie nature.
Le court métrage La peau sauvage d’Ariane Louis-Seize a été présenté dans différents festivals. Il a notamment fait partie de la sélection officielle au TIFF et au Festival international de Sitges, en 2016. Il a remporté, la même année, le prix du public au Slash Fantastic Film Festival et a reçu une mention du jury au Festival international du cinéma francophone en Acadie.
En 2013, Ariane Louis-Seize a remporté le grand prix Cours écrire ton court (SODEC) pour le scénario La peau sauvage, inspiré de la nouvelle « Camille adopte un serpent » du recueil Les enfants moroses de Fannie Loiselle. La 15e édition de ce prix était consacrée exclusivement à l’adaptation littéraire d’œuvres québécoises.
Dans cette nouvelle, il y a peu de marqueurs géographiques et temporels. Le texte est réaliste, dépeint une histoire qui a priori pourrait paraître banale mais tout de même intrigante. La scénariste et réalisatrice a cependant choisi d’ajouter, à son adaptation, une belle dose de fantastique.
La jeune femme du film est littéralement sous le charme du serpent. Elle connecte avec le reptile. Elle l’observe longuement et le laisse même aller librement dans l’appartement. Le python grossit et grossit.
Parallèlement, un changement s’opère chez la jeune femme. Son regard devient de plus en plus animal; elle passe d’observatrice à prédatrice, du moins, peut-on le croire. L’appartement se transforme d’ailleurs au même rythme que ses occupants, ce qui diffère de la nouvelle mais qui est très intéressant.
Cela évoque tout même un passage du texte de Fannie Loiselle, qu’Ariane Louis-Seize a mis en scène à sa manière : « La plupart des serpents ont une coloration qui se confond avec la roche, la végétation ou tout autre substrat sur lequel ils vivent. »
Le film de 20 minutes ne comporte ni narration ni dialogue, et cela n’est pas nécessaire. L’atmosphère et le jeu du personnage suffisent. La fin reste tout de même un peu énigmatique, mais cette ouverture n’est pas désagréable. On peut l’interpréter de différentes manières, y voir ce qui nous plaît.
La peau sauvage est un court métrage à conseiller aux insomniaques qui, à l’image du personnage, ont tout essayé pour recouvrer le sommeil. Ne reste plus qu’à opérer une profonde métamorphose, à entrer en symbiose avec sa nature sauvage.
Note : 8,5/10
Voici le film :
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