« Un jour, leurs manigances finiront, et nous ne cesserons jamais d’essayer. »
Dans ce documentaire « minute par minute », Victor et Fernando dirigent un salon de beauté à Baja California, au Mexique. Pour beaucoup de leurs clients, ils étaient un couple gay adorable, jusqu’à ce qu’ils décident de se marier. Ils deviennent les premiers dans leur état à se battre pour leurs droits dans un lieu rempli d’homophobie et d’inégalité, faisant face au conseil municipal de Mexicali, qui défie la décision de la Cour suprême qui autorise le mariage homosexuel. À travers leur lutte, à la fois devant les tribunaux et dans la communauté, ils réussissent à ouvrir les yeux de la société mexicaine et à affirmer un amour qui remplit chaque image de ce film émouvant.
Il semble qu’en 2017, le Mexique est encore loin d’offrir l’égalité pour tous. Et, comme souvent, ce sont les femmes et les communautés LGBTQ qui font les frais de ces inégalités sociales. C’est ce que montre le documentaire Etiqueta no rigurosa (No Dress Code Required) de Cristina Herrera Bórquez.
La loi du Mexique (de 2013) statue qu’il est légal pour un couple de même sexe de se marier au civil. Mais à Mexicali, on refuse de légaliser le mariage homosexuel. Pourquoi? Pour diverses raisons toutes aussi absurdes les unes que les autres. Lorsque Victor et Fernando, professionnels de la beauté à Baja California, décident qu’il est temps que l’état accepte de se pointer dans le 21e siècle, les choses s’enveniment.
Leur communauté est, comme c’est le cas à bien des endroits, hypocrite. Les gay sont acceptés, tant qu’on ne les « voit » pas. Pour beaucoup de leurs clients, ils étaient un couple adorable, jusqu’à ce qu’ils décident de se marier. Mais là… Comme l’explique un des résidents de leur ville : « Si on accepte que ces gens-là se marient, après ils voudront adopter. Et ça, c’est inacceptable. »
Et que fait-on si la ville ne veut pas marier un couple homosexuel? On va en cour suprême afin que la cause puisse profiter à tous. Et, évidemment, le plus haut tribunal du pays rend un jugement logique selon lequel « l’interdiction du mariage homosexuel va à l’encontre des droits civils des citoyens ». Victoire pour le couple de Baja.
La ville se lance donc dans un jeu de blocage afin de créer une frustration pour que le couple décide de laisser tomber. Mais quand on décide de se battre pour les autres…
C’est en 2013 que le couple essaie de se marier pour la première fois, avec l’aide de leur avocat. Et c’est aussi, la première fois, que le couple se fera « niaiser » par l’administration de la ville. La première de 3 fois où leur mariage sera annulé à la dernière minute.
Victor Fernando Urias Amparo et Victor Manuel Aguirre Espinoza n’ont pas été autorisés à se marier à cause du maire de Mexicali, Jaime Rafael Diaz Ochoa, et d’autres fonctionnaires. Des gens homophobes et arriérés qui ont décidé de causer le plus de torts possible aux gens qui ne sont pas comme eux.
Même après que la Cour suprême du Mexique ait rendu un verdict obligeant la ville de Mexicali de célébrer les mariages pour les gens du même sexe, ces fonctionnaires ont continué de trouver des excuses pour ne pas honorer leur devoir. Célébrant absent, alerte à la bombe, signatures supposément non réglementaires et… une plainte d’un haut fonctionnaire de la ville selon laquelle les deux hommes « souffraient de démence ».
L’accusatrice était Angelica Guadalupe Gonzalez Sanchez, présidente de la Coalition des familles de Baja California, qui, avec son mari, donne des causeries obligatoires avant le mariage aux couples qui se préparent pour les cérémonies de mariage civil à l’Hôtel de Ville de Mexicali. Et celle qui donne les certificats de présence…
Cela remet en question le principe de démocratie. Imaginez si un élu pouvait décider des lois qu’il applique et des lois qu’il refuse d’appliquer.
Il me semble qu’en 2015 (à l’époque du film) les membres de la communauté LGBTQ veulent et méritent la pleine reconnaissance de leurs droits civils. Et pourtant à Mexicali, on les voit encore comme relevant du péché ou, même, comme atteints d’une pathologie.
Dans ses éléments les plus fondamentaux, Etiqueta no rigurosa, c’est une histoire très simple : une histoire d’amour. C’est l’histoire d’un couple qui veut s’aimer et avoir les droits légaux accordés à tout couple hétérosexuel marié.
N’est-ce pas là une chose toute simple?
Note : 8/10
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