« Faque là, dernière affaire que je me souviens : Blackout! »
Comment Francis (Emmanuel Bilodeau), un homme doux et généreux finira-t-il derrière les barreaux? C’est ce que nous découvrirons en nous retrouvant catapultés au cœur d’un tourbillon de malchance et de mauvaises décisions.
Innocent n’a rien à voir avec le précédent film de Marc-André Lavoie (Hot dog, 2013). On a ici affaire à une comédie dramatique bien ficelée, drôle et agréable à écouter. Le réalisateur utilise d’ailleurs une citation de Diderot pour décrire la situation du personnage principal de son film : « La vie serait une comédie bien agréable, si l’on n’y jouait pas un rôle. » Et on ne pourrait mieux trouver.
Francis doit avouer les fautes de son passé à son avocat (Réal Bossé), du moins l’imagine-t-on. Il raconte donc différents épisodes de sa vie, tel que demandé, sans respecter l’ordre chronologique des événements. Le spectateur, devant tous les déboires du personnage, n’arrive à pas savoir exactement ce qui l’a mené derrière les barreaux. Tous les événements ne peuvent être liés entre eux puisque Francis a, dans chacun des souvenirs, des conjointes différentes.
Mais on ne peut que s’amuser de tout ce qui a pu lui arriver. Les situations sont si absurdes qu’on se dit qu’aucun policier ou aucun juge ne pourra croire qu’il est innocent. Et pourtant, c’est un homme qui semble si simple et bon. Est-ce possible d’être si souvent au mauvais endroit au mauvais moment? Peut-on avoir autant de malchance?
À travers le récit de ses aventures, on rencontre ses ex : la froide Annie (Mahée Paiement), la douce Julie (Pascale Bussières) et l’intense Mélissa (Sandrine Bisson), de même que la dépressive Solange (Dorothée Berryman) avec qui il n’entretient pas les mêmes rapports. Les personnalités parfois opposées des femmes qui traversent sa vie n’aident pas le spectateur à se faire une idée juste de Francis.
Francis est un être généreux qui mérite sa part, un homme de moral qui s’insurge devant les injustices et les actes inappropriés (surtout s’ils sont commis devant sa mère, et ce, même si elle morte). Les hommes à qui il se frotte – son ex-beau-frère Paul (Bobby Beshro), le criminel Daniel Couture (David La Haye), un garagiste (Stéphane Verdier) et le jeune écervelé Mike (Yan Rompré) – n’ont malheureusement aucune pitié pour ses beaux principes et ses gentillesses.
On s’enfonce ainsi dans les souvenirs de Francis, on cherche à retrouver la chronologie des événements, et on en vient même à se demander s’il est finalement coupable (mais de quoi?). Et à la fin, on est bluffé, du moins, je l’ai été.
Un mot aussi sur le générique de fin d’Innocent qui est vraiment génial. Emmanuel Bilodeau nous le rend des plus intéressants et personnalisés. Comme quoi ce n’est pas parce que tu fais un film à petit budget qu’il n’y a pas moyen de se démarquer. Tous les bons coups d’un film ne passent pas par les effets spéciaux.
Laissez-vous charmer par les aventures rocambolesques de Francis et réjouissez-vous de ne pas en être le protagoniste.
Note : 7/10
* Le film a été présenté le 9 octobre dernier au FNC et prendra l’affiche le vendredi 13 octobre.
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