« Babies born in naked flesh
Welcome to the World »
Pink or Blue est une collaboration entre le réalisateur Jake Dypka et la poète et slameuse Hollie McNish, alias Hollie Poetry. Le film a été créé en utilisant une technologie 3D. Le poème de Hollie parle de la division bleu/rose qui est faite dès la naissance. Il ne s’agit pas tant d’une division basée sur une couleur, mais sur le genre qui y est associé.
Les filles sont roses et les garçons sont bleus; le monde est ainsi divisé de façon binaire. Quand j’ai appris que j’attentais un garçon, je refusais de peinturer sa chambre en bleu. J’avoue que si j’avais attendu une fille, j’aurais probablement mis la chambre en rose, mais c’est parce que j’adore cette couleur. Je voulais essayer d’éviter d’entrer dans le stéréotype : bleu pour un garçon et rose pour une fille. On a donc peinturé la chambre en jaune et orange.
Alors que mon fils n’avait que 7 mois, des étrangers dans une salle d’attente m’ont demandé si mon enfant était une fille ou un garçon, l’homme se plaignant de ne plus pouvoir se fier aux couleurs des vêtements puisque certains parents mettent du rose à leur garçon. Et je suis de ces vilains parents qui ont fait porter des vêtements roses, corail et saumon à leur fils. Parce qu’ils étaient beaux, tout simplement.
Mais les stéréotypes de genre vont bien au-delà d’une question de couleur et c’est ce que le poème de Hollie McNish mis en images par Dypka dénonce. Ce court métrage nous force à réfléchir à nos valeurs, à ce qui, socialement, est accepté ou non.
Les fleurs sont associées aux filles et les robots aux garçons, les poupées aux unes et les pistolets aux uns. Les garçons sont forts s’ils grimpent aux arbres, les filles sont des garçons manqués (tom boy) si elles font de même. Les garçons, ça ne pleure pas. Les filles, ça aime les câlins. Les filles ont les cheveux longs et les garçons les ont courts. Et ainsi de suite tout en abordant la pilosité et les tabous sexuels.
Le poème est dit par la slameuse que l’on voit à plusieurs reprises. L’image est, le plus souvent, divisée en deux. On montre l’exemple et le contre-exemple; ce qui est socialement accepté et ce qui ne l’est pas.
Est-ce vraiment ce que nous voulons pour nos enfants, j’entends socialement? Pourquoi avons-nous la fâcheuse tendance à désirer que tout rentre dans le moule? Combien de parents refusent que leurs garçons jouent avec des poupées parce que ce n’est pas là un jeu approprié pour eux. Et combien de filles se voient encore jugées si elles choisissent des métiers non traditionnels.
Pink or Blue est esthétiquement très réussi. Les modèles ont été choisis et arrangés avec soin pour que certains choquent les spectateurs par leurs différences. Mais est-ce réellement si choquant? Pour certains, ce l’est assurément et cela donne une raison d’existence à ce genre de film.
L’art peut déranger, et c’est là toute sa beauté. Et si on mettait les stéréotypes de côté pour laisser libre cours à nos envies, serait-ce si mal?
Note : 8/10
Voici le film :
© 2023 Le petit septième