« Et le Seigneur dit à Satan
D’où viens-tu? »
Alors qu’il arrose nonchalamment de l’eau bénite sur une femme, un prêtre italien se livre à un rituel qui semble tout à fait ordinaire. Silencieuse dans un premier temps, elle tremble un peu. À la seconde où il pose sa main sur sa tête, elle éclate en sanglots, poussant un hurlement enragé comme si elle brûlait vive. Sa voix résonne sur les murs froids de l’église. « Laisse-moi tranquille, salaud! Elle est à moi! » Son timbre aigu se transforme par moments en une intonation plus gutturale. Son démon interne se dévoile. Le prêtre reste calme. Il a exécuté ce genre d’exorcisme banal bien des fois avant.
Liberami (Deliver Us), de Frederica di Giacomo, jette un regard sur le phénomène des exorcistes. Je spécifie tout de suite qu’il s’agit ici d’un documentaire, et non pas d’une fiction.
Je dois commencer par avouer que je ne suis pas croyant. Je ne crois en aucune religion, bien que je sois originaire d’un endroit où la religion catholique domine. J’ai tout de même été interpellé par ce film. Surtout que je suis actuellement plongé dans la lecture d’un livre, Le message : la lignée de Jésus et le devenir de notre civilisation, qui parle de la mise en place de la religion catholique et du rôle de Jésus.
Donc, est-ce que je crois en la possession satanique? Non. Mais je voulais tout de même voir ce qui en était. Certaines personnes y croient. C’est surtout ça que montre Liberami. Et je dois avouer que ce qu’on voit dans ce film est perturbant. Mais ce que ces gens vivent, est-ce réellement des possessions? Ou ne serait-ce pas plutôt une sorte d’hystérie, voire une maladie mentale?
Mais où doit-on tracer la frontière entre la maladie mentale et l’horreur d’une possession démoniaque? Sommes-nous face à des autopossessions, des manipulations de l’Église pour mieux contrôler ses partisans, ou un démon d’un autre monde?
Je ne crois pas à la possession, je le répète. Mais je crois que les personnes filmées par di Giacomo sont atteintes de quelque chose. Satan? Certainement pas. Mais de dépression chronique, de troubles mentaux, ou d’épilepsie, peut-être. Ou de toute autre maladie que je ne connais pas, mais que des spécialistes du corps humain pourraient expliquer. Il existe beaucoup de maladies chroniques qui atteignent le cerveau et, du coup, le corps.
En ce qui concerne les exorcistes pratiqués dans ce documentaire, je ne crois pas qu’elles sont simulées. Mais je dois mettre un bémol sur le terme « exorcisme ». Je ne veux surtout pas mettre en doute les pratiques des hommes d’Église que l’on voit dans Liberami. Mais je crois surtout que lorsqu’on est convaincu de quelque chose, le cerveau peut parfois nous jouer de vilains tours. Dans le sud de l’Italie, la religion catholique est encore très ancrée. On le voit assez bien dans le documentaire avec les multiples questions que les gens vont poser au Padre Cataldo.
Frederica di Giacomo est la première réalisatrice à s’intéresser à la pratique de véritables exorcismes en Italie. Sans la démystifier, elle la replace dans un contexte de tous les jours. Elle suit de très près plusieurs sujets dans leur état le plus vulnérable. C’est avec respect, et avec une lumière naturelle, qu’elle peint leurs portraits avec une grande sincérité. Certains ont des problèmes insignifiants, d’autres portent le lourd poids d’une vie entière d’abus et de violence; tous sont attirés par un remède facile : la religion. Par moments, on se croirait dans le fameux Exorciste de William Friedkin. Mais non, nous sommes dans l’étrange réalité…
Liberami (Deliver Us) est un documentaire intrigant sur la pratique bien réelle de l’exorcisme dans le sud de l’Italie. C’est quelque part entre tradition et habitudes modernes que ces rituels prennent place dans de petites églises de Sicile.
Un documentaire à découvrir.
Note : 7.5/10
* Le film est présenté à Fantasia les 31 juillet et 1er août.
© 2023 Le petit septième
Article super cool! Bravo! Merci! il s’affiche très bien sur un telephone moderne comme celui-la : https://www.boutiquebobomicro.fr/occasion/smartphone-pas-cher-sans-abonnement/samsung-galaxy-s8-64go-609-paris Bye