The Beekeeper and his Son – Conflits générationnels

« There is a gate. The people outside struggle to get in, and the people inside fight to get out. »

Affiche de The Beekeeper and his SonDésillusionné par ses expériences comme travailleur migrant, Maofu quitte la ville pour retourner dans le village du nord de la Chine où habite sa famille. Son père, un apiculteur vieillissant, espère que son fils apprendra l’art de l’élevage des abeilles auprès de lui. Alors qu’ils travaillent ensemble, deux projets de vie entrent en collision, ce qui mène à des conflits tendus et lassants, bien que surtout silencieux. Même les animaux de la ferme réagissent face à cette atmosphère et commentent le comportement des protagonistes humains de façon drôle et étrange.

The Beekeeper and his Son, réalisé par Diedie Weng, est le portrait d’une famille rurale de la Chine contemporaine, où des millions d’autres familles font face au fossé entre les générations et tentent de réconcilier tradition et modernité.

Si la réalisatrice s’est d’abord intéressée à la relation privilégiée qu’entretient Lao Yu avec ses abeilles, au retour de Maofu, elle s’est attachée à la relation entre le père et le fils.

Difficile communication

Lao Yu, dans The Beekeeper and his Son
Lao Yu

Les communications intergénérationnelles semblent, à travers ce film, assez complexes. Les plus âgés vivent en respectant les traditions tandis que les jeunes essaient de se construire une nouvelle vie, plus moderne. La vie à la campagne n’est pas facile. Les commodités n’y sont pas; c’est une vie à l’ancienne. Par exemple, pour faire la lessive en hiver, il faut briser la glace sur le cours d’eau afin de plonger les vêtements dans l’eau glacée. C’est presque inimaginable de nos jours, du moins pour la Nord-Américaine que je suis.

Si Lao Yu ne se gêne pas pour remettre les siens à leur place par des paroles brusques et agressives, c’est un tout autre homme avec sa petite-fille encore bébé. Il est très attentionnée pour elle, la cajole affectueusement. Et il apparaît être un bon fils pour sa mère de plus de 90 ans. Encore là, la communication intergénérationnelle est difficile, voire impossible, puisque la vieille dame ne reconnaît plus son fils et croit simplement qu’un homme âgé lui apporte son aide.

Lao Yu et son fils ne parviennent pas à se parler réellement. À quelques reprises, l’un comme l’autre s’adresse à Diedie Weng afin d’en apprendre davantage sur les pensées de l’autre. La réalisatrice reste neutre dans ses réponses et les encourage à poser leurs questions à la personne concernée. Le travail de Weng devient un prétexte pour comprendre l’autre. Mais y parviendront-ils?

L’homme et la nature

Maofu à la ville, dans The Beekeeper and his Son
Maofu

Au début du film, Maofu rentre chez ses parents. On montre quelques plans de ville qui vont contrastés avec la campagne. On découvre alors un univers différent, où la vie des abeilles et d’autres bêtes peuvent être révélatrices du comportement humain.

Si Lao Yu a de la difficulté à communiquer avec les siens, c’est une toute autre histoire avec ses abeilles. Il les comprend, connaît les limites à ne pas franchir, les traite avec beaucoup de considération. Et quand, vers la fin, une oie chinoise se bataille avec le chien de la famille, on sent qu’il y a là un parallèle entre le père et le fils. C’est un combat inégal, mais l’oie ne peut s’empêcher de contre-attaquer et elle revient à la charge encore et encore. C’est à l’image du fils qui tente longuement de prouver son potentiel à son père, bien que ce dernier le critique toujours très sévèrement et l’envoie balader brusquement à tout moment.

Maofu et une oie chinoise, dans The Beekeeper and his Son
Maofu et une oie chinoise

Lao Yu ne semble pas se rappeler qu’il a lui-même fait ses débuts en tant qu’apiculteur. Ce métier est plus qu’un travail pour lui, c’est une passion. Et il considère que son fils n’y met pas suffisamment de cœur, qu’il perd son temps avec des considérations inutiles.

Par The Beekeeper and his Son, Diedie Weng montre la vie de cette famille chinoise sans tenter d’embellir leur réalité. C’est un portrait cru, souvent peu flatteur, mais révélateur du gouffre qui sépare parfois les enfants de leurs parents.

Maofu saura-t-il tenir à tête à son père et lui prouver son potentiel ou devra-t-il retourner en ville à la recherche d’un travail et d’un but dans la vie?

Note : 7/10

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