Il règne dans nos sociétés un puissant tabou en ce qui concerne la sexualité des personnes âgées. Comme si l’intérêt pour la chose ne pouvait trouver justification que dans la jeunesse, l’âge de la procréation. Pourtant l’attrait pour la sexualité ne disparaît pas avec l’âge. Ni les multiples pratiques qu’elle suscite! L’érotisme et le vieil âge, un film qui interroge profondément les conceptions courantes non seulement de la vieillesse mais de l’expérience sexuelle elle-même, est un bouleversant témoignage sur l’amour et l’intimité qui lie les êtres humains.
Après Le vieil âge et le rire, Fernand Dansereau réalise le long métrage documentaire L’érotisme et le vieil âge, avec la participation de Janette Bertrand, Louise Portal, Jacques Hébert, Édith Fournier, Michel Carbonneau et Jean Beaudin. Il y a tellement de tabous sociétaux entourant la sexualité, plus encore si on aborde la sexualité chez les personnes âgées, comme si cela était inconcevable, impossible, inacceptable. Et pourtant…
Que connaissez-vous de la sexualité des aînés, de vos parents ou de vos grands-parents?
La société actuelle fait en sorte qu’on court beaucoup. On doit répondre à toutes sortes d’impératifs, être productifs. On est constamment dans la performance, même sur le plan sexuel. Mais, rendu à un certain âge, il faut cesser de chercher à atteindre la performance de nos vingt ans et être attentif à notre corps. C’est ce que les différents intervenants expriment, en fonction de leur expérience.
Quand on ne travaille plus, du moins, que l’horaire de travail est plus aéré, on a plus de temps pour les caresses. Rien ne presse, on peut prendre son temps. Parfois aussi l’érotisme passe par les regards, par une grande complicité, par le simple touché.
Le cœur n’est-il pas un moteur chaud, et ce, peu importe l’âge? Je trouve cette image très belle. Même si la libido change, même si la fréquence diminue peut-être, un désir persiste. Malgré les défaillances physiques et la douleur, il est possible de vivre à deux, ou seul, de beaux moments de douceur ou de folles passions.
Malgré l’âge, il faut continuer d’aimer. De mieux en mieux. Riche de notre expérience, parfois plus attentif à nos corps, ayant le temps de l’être, on se découvre. On recherche la symbiose, l’harmonie.
Édith Fournier utilisait une image intéressante. Peut-être n’a-t-elle plus la flamme de la jeunesse, en ce qui a trait à la sexualité, mais elle est constituée de braise et non de cendre. Il suffit de souffler pour que la passion se ravive, une passion qu’elle et son conjoint entretiennent au quotidien, dans les gestes simples.
La professeure et chercheure à l’Université d’Ottawa, Martine Lagacé, aborde les conséquences néfastes de l’âgisme. Qu’est-ce que l’âgisme vous dites-vous? C’est une forme de discrimination qui cible les personnes âgées. Les travaux de Mme Lagacé démontrent que cela affecte l’estime de soi des personnes âgées sur différents plans de leur vie.
Il ne faut pas nier l’érotisme des personnes âgées, leurs besoins affectifs et sexuels. Même si le corps change, ne répond plus aux normes de beauté, les pulsions et les émotions persistent. Dans le documentaire, les plans de danse entre deux amants ajoutent aussi de la douceur et de la sincérité aux propos.
« Mon métier de cinéaste m’a servi d’université permanente. Toute ma vie je n’aurai jamais cessé d’apprendre. Et vieillir s’annonce comme l’une des expériences les plus exigeantes mais aussi les plus passionnantes de ma vie. », disait Fernand Dansereau.
Par L’érotisme et le vieil âge, le réalisateur s’attaque à un gros tabou sociétal, en mettant de l’avant la tendresse et la communion des âmes.
Note : 7,5/10
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