La réalisatrice Zaynê Akyol donne la parole à des combattantes du PKK dans les montagnes du Kurdistan. Ces femmes ont tout quitté pour combattre Daech (le groupe armé état islamique). Elles sont courageuses et déterminées. La réalisatrice, dont c’est le premier film, a vécu à leurs côtés révélant le quotidien de très jeunes femmes animées d’un grand idéal. Malgré la proximité de la guerre, elles rient souvent, s’amusent, prennent plaisir à coiffer leurs cheveux souvent couverts de keffiehs très colorés qui contrastent avec la rigueur de l’uniforme.
La situation des Kurdes est complexe. Ils sont l’ennemi public numéro 1 en Turquie, dirigent un territoire autonome en Irak et sont victimes des exactions du régime Hassad en Syrie.
Mais le film de Zaynê Akyol, Gulîstan, terre de roses, n’est ni un manifeste en faveur de l’autonomie des Kurdes, ni un portrait socio-politique de la région. C’est une rencontre avec des femmes qui ont choisi de prendre les armes pour combattre Daech. Elles ont quitté famille, ami-e-s, travail, études par conviction profonde et espoir d’en finir avec cette faction à l’idéologie moyenâgeuse.
Le documentaire nous présente ces femmes, souvent très jeunes, qui s’entrainent avec ardeur, presque inconscientes des dangers qui les guettent. Zaynê Akyol a d’ailleurs choisi de ne pas montrer de scènes de combat, mais plutôt de se concentrer sur les rencontres qu’elle a faites au cours des mois pendant lesquels elle a séjourné dans les montagnes du Kurdistan irakien.
La réalisatrice nous fait découvrir une société dans laquelle les femmes ont une importance primordiale, une place privilégiée. Dans une rencontre post-projection, elle expliquait d’ailleurs que le féminisme est « l’article numéro 1 » du dernier manifeste du PKK. De quoi chambouler nos préjugés par rapport aux femmes qui vivent au Moyen-Orient.
Les rencontres avec les personnages sont chaleureuses. Il s’en dégage une grande intimité même si ces combattantes en ont très peu dans la vie quotidienne d’un bataillon.
Les paysages de montagnes arides dans lesquels baigne le film traduisent bien les obstacles auxquels sont confrontées ces femmes portées par un idéal plus grand que nature. Ni la dureté de la vie, ni les risques immenses auxquels elles sont confrontées ne semblent ralentir leur ardeur.
Au contraire. Leur arme est un compagnon fidèle. La façon qu’elles ont d’en parler nous ferait presque sourire si la voie qu’elles ont choisie n’était pas aussi bouleversante.
Zaynê Akyol signe un premier film qui porte la marque d’une vraie cinéaste. Gulîstan, terre de roses a d’ailleurs déjà été remarqué ici et à l’international dans plusieurs festivals. Il sortira sur nos écrans en janvier 2017. À suivre…
Note : 8/10
© 2023 Le petit septième