En 1986, l’agent fédéral Robert Mazur (Bryan Cranston) est infiltré dans les cartels de drogue colombiens en incarnant l’homme d’affaires Bob Musella, expert en blanchiment d’argent. Accompagné de son impulsif mais habile coéquipier Emir Abreu (John Leguizamo), et de Kathy Ertz (Diane Kruger), qui prend le rôle de sa fiancée, Mazur se lie d’amitié avec Robert Alcaino (Benjamin Bratt), lieutenant principal du célèbre trafiquant Pablo Escobar. Naviguant dans un réseau criminel vicieux où la moindre erreur pourrait lui coûter la vie, Mazur prend de nombreux risques en montant un dossier accablant plus de 100 barons de la drogue et de banquiers corrompus.
The Infiltrator, c’est Robert Mazur. Basé sur l’ouvrage de Robert Mazur The Infiltrator: My Secret Life Inside the Dirty Banks Behind Pablo Escobar’s Medellín Cartel, le film relate une période de la vie de l’ex-agent d’infiltration, alors qu’il s’infiltrait dans le cartel de Pablo Escobar.
C’est donc basé sur l’histoire dans lequel l’ex-agent a dévoilé ses mémoires en 2009 qu’est monté le long métrage de Brad Furman. Après plusieurs films consacrés à l’histoire de Pablo Escobar et de son entourage, le réalisateur apporte un nouvel éclairage sur la traque du célèbre trafiquant colombien en suivant cette fois le parcours de l’argent blanchi et non pas celui de la drogue, et en révélant en quoi cela a aidé les nombreuses enquêtes visant au démantèlement des cartels colombiens dans les années 1980.
Aujourd’hui, il peut sembler évident de suivre l’argent plutôt que la drogue. Mais à cette époque, Mazur amenait une toute nouvelle proposition à son supérieur qui a eu l’ouverture d’esprit d’écouter son agent.
Dans The Infiltrator, on voit Mazur et son partenaire, Abreu, monter tranquillement les échelons de la pyramide de l’argent sale. Dans son film, Furman ne se contente pas de faire un film d’action avec des explosions et des poursuites. En fait, il n’y a aucune poursuite en voiture, ni explosion. Il travaille plutôt sur la psychologie des personnages afin de montrer comment fonctionne le cartel, et comment un agent d’infiltration peut survivre à l’intérieur de celui-ci.
Évidemment, il ne faut pas seulement être intelligent et avoir des gadgets à la James Bond pour infiltrer un groupe de criminels aussi puissant que celui d’Escobar. Il faut réussir à marcher sur la fine ligne permettant de devenir ami avec certains membres du groupe – comme Robert Alcaino – tout en restant conscient que le but ultime est de le faire arrêter. On peut voir, ici, que cette tâche n’était vraiment pas facile pour Mazur et Ertz lorsqu’ils se lient d’amitié avec Alcaino et sa femme Gloria.
Mais Mazur n’aurait pas pu pénétrer le cartel sans l’aide d’un autre criminel qu’il a lui-même fait libérer afin d’obtenir son aide. Dominic accepte donc de jouer les chauffeurs pour l’agent, et lui apporte les conseils nécessaires afin de ne pas être repéré. Lors du tournage, Mazur expliquait que Dominic l’avait averti que s’il s’assoyait en face d’un trafiquant avec les jambes croisées, l’autre allait regarder les semelles de ses chaussures. Et si celles-ci sont des chaussures bas de gamme, il ne serait pas crédible en tant que blanchisseur multimillionnaire, mais que s’il portait des chaussures italiennes valant plusieurs centaines de dollars, alors là, il serait crédible.
The Infiltrator montre aussi à quel point il est important d’avoir des agents avec des habilités complémentaires. Par exemple, Mazur excelle pour négocier avec des banquiers, alors qu’Abreu sait comment parler le langage de la rue. Ensemble, avec l’aide de Ertz (qui sait comment se lier d’amitié avec les femmes des dirigeants du cartel), ils réussissent à créer des personnages parfaitement crédibles.
Il est intéressant aussi de noter que les acteurs ont pu bénéficier du support de Mazur, d’Abreu et de Ertz afin de préparer leurs personnages. D’ailleurs, Kruger explique que Ertz lui a raconté que, avant chaque rencontre avec un membre du cartel, elle et Mazur se préparaient comme s’ils allaient faire une performance théâtrale. « Il y avait un cue du style curtain’s up avant chaque performance », expliquait l’agente.
Dans le film, on peut aussi voir comment était développée la paperasse qui permettait de créer les personnages, comment étaient développées les manières et les façons de parler de chacun des « personnages ». C’est amusant aussi de voir les deux agents se promener dans un cimetière afin de trouver des identités réalistes.
Certains faits sont intéressants concernant le marché de la drogue des années 1980 aux États-Unis. Par exemple, lors du lancement de l’opération C-Chase (celle dont on parle ici), le marché de la drogue générait 420 millions de dollars en transaction chaque semaine (environ 920 millions, si on ajuste en valeur actuelle). L’opération aura réussi à faire arrêter plus de 100 criminels, ainsi qu’à faire tomber la BCCI, la 7e plus grosse banque privée au monde, pour fraude et blanchiment d’argent.
The Infiltrator nous amène dans le vrai monde de l’infiltration, de la drogue et de la trahison.
Note : 8/10
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