Long-métrage documentaire traitant de l’impact de la guerre et de la paix sur la vie de millions de personnes déracinées par les ravages des conflits armés, À la poursuite de la paix, raconte l’histoire méconnue des Canadiens qui travaillent sur les lignes de front internationales de médiation pour la paix. De la Turquie au nord de l’Irak en passant par le Congo (RDC) et le Soudan du Sud, le film rend compte des défis du travail de ces artisans de la paix en explorant tour à tour leurs espoirs, leurs engagements ainsi que leurs apprentissages sur le terrain. Au plus proche des nouveaux enjeux de la résolution des conflits, le film révèle l’impact qu’a la violence sur la vie de ceux qui sont directement touchés par les conflits armés.
Présenté en première mondiale aux Rencontres Internationales du documentaire de Montréal en novembre dernier, À la poursuite de la paix de Garry Beitel sort en salle à Montréal et à Québec. On y aborde différents conflits, dont la récente montée de l’État islamique.
Le Canada a longtemps été un leader dans les opérations de paix dans le monde. Reconnu pour ses casques bleus, il a pourtant choisi de s’impliquer offensivement dans les conflits armés à partir de 2001. Il reste cependant quelques « agents » de la paix sur le terrain : quatre d’entre eux nous sont ici présentés.
Dans ce documentaire, les civils – les principales victimes des guerres et conflits armés – prennent la parole pour dénoncer les injustices et tenter de régler leurs différends. Ce qu’on constate c’est que si les deux partis ne sont pas prêts à faire une médiation, on ne peut régler le conflit. Ce raisonnement apparaît peut-être évident, mais, sur le terrain, ce n’est pas toujours aussi simple.
Des hommes et des femmes rêvent de mettre un terme à des conflits qui durent, dans certains cas, depuis des décennies. S’ils ne le font pas pour eux, ils essaient de changer les choses pour leurs enfants qui devront grandir dans un milieu présentement hostile.
Si on continue d’alimenter notre rancœur, notre désir de vengeance, ce ne peut que se solder par de la violence. Il y aura alors plus de victimes, plus de morts, et la situation restera inchangée. Il faut apprendre à pardonner, ce qui doit être une chose terrible quand, par exemple, tu as été témoin d’atrocités telles que le viol de ta sœur et le meurtre de ta femme. C’est pourtant le point de départ d’une possible paix. C’est par l’éducation et la médiation que cet apprentissage de la paix (et sa mise en pratique) peut se faire.
Une partie du documentaire s’intéresse plus particulièrement au sort des femmes. Le viol étant une chose plus que commune en temps de guerre – ce qui ne le rend pas moins terrible pour celles qui le vivent.
J’ai eu l’immense chance de grandir dans un pays en paix. La guerre a longtemps été pour moi un concept, une sorte de mise en scène représentée dans des films ou de mise en forme, dans des livres. Ces illusions ont tout de même cessé depuis longtemps et mes inquiétudes sur le sort de l’humanité vont grandissantes tous les jours.
Certains artistes représentent bien la misère humaine. Je pense entre autres au photographe Sebastião Salgado (dont la vie et l’œuvre nous sont présentées dans Le sel de la terre) qui, par les images qu’il récolte de par le monde, contribue à conscientiser les gens. À la poursuite de la paix tente pour sa part de nous montrer qu’il peut y avoir des solutions, mais que cela prend du temps et demande de l’énergie, tant de la part des médiateurs que des partis en conflit.
Nous avons besoin de tels films pour nous redonner de l’espoir. Si le Canada pouvait plus largement occuper de nouveau son rôle d’agent de la paix, peut-être cela contribuerait-il à l’amélioration de la situation. Du moins, en refusant de nous battre et en prônant la paix, nous ferions déjà un effort considérable pour la résolution des conflits. La violence cesse rarement par la violence : la violence engendre plutôt plus de violence.
Ce documentaire montre tout le travail à accomplir, un travail de longue haleine dans lequel nous devrions tous nous impliquer, dans la mesure de nos moyens – ne serait-ce qu’en n’ajoutant pas davantage à la violence par des propos haineux sur les médias sociaux –, et ce, pour la poursuite de la paix.
Note : 9/10
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