C’est l’histoire d’une histoire. C’est l’histoire d’une petite fille, intrépide et curieuse, qui vit dans un monde d’adultes. C’est l’histoire d’un aviateur, excentrique et facétieux, qui n’a jamais vraiment grandi. C’est l’histoire du Petit Prince qui va les réunir dans une aventure extraordinaire.
Le Petit Prince, réalisé par Mark Osborne (connu notamment pour Kung Fu Panda), est un magnifique film d’animation, qui saura plaire autant aux petits qu’aux grands. Je suis vraiment tombée sous le charme. On y montre l’importance de rêver, de se laisser le loisir de rêver, de faire preuve d’imagination. Cela est essentiel à l’enfant, pour qu’il se développe sainement, mais ce l’est tout autant pour l’adulte, qui doit réussir à rompre la routine et à se libérer l’esprit de son travail. J’adopte en ce sens le résumé du film proposé par l’un des producteurs, Dimitri Rassam : « cultiver la créativité et notre part d’enfance dans ce monde d’adultes ».
On est face à deux récits : le récit principal, celui de la Petite Fille et de l’Aviateur, en 3D, de même qu’un récit enchâssé du Petit Prince, en stop-motion. Les personnages n’ont pas de nom. Cela les rend plus universels, non stéréotypés à un pays ou à une culture précise.
En lisant le résumé, j’étais septique à l’idée de ce mélange des techniques, mais le résultat est très harmonieux. La stop-motion sert bien la part de rêve et de fragilité de l’histoire du Petit Prince. Le fait que les voix ne soient pas non plus synchronisées avec les lèvres dans ces quelques minutes – la stop-motion ne représente que 16 minutes du film, le tout divisé en plusieurs moments – est aussi propice à l’univers du rêve.
Le choix de la stop-motion vient en fait de la découverte des dessins originaux de l’œuvre de Saint-Exupéry, à la Morgan Library de New York : « Il [Mark Osborne] a constaté qu’ils avaient été réalisés sur un papier extrêmement fragile et constellé de taches de café et de ratures, si bien qu’ils ont failli ne jamais parvenir jusqu’à nous. Mark s’est alors dit que cet univers était tellement fragile qu’il voulait retrouver l’émotion du papier avec la stop-motion », expliquait Aton Soumache, un des trois producteurs.
Dans le récit principal, deux univers se confrontent : l’ordre et l’aspect froid de la demeure de la Petite Fille, et le joyeux désordre de la maison et du jardin de l’Aviateur, d’où jaillit une lumière particulière. Ces deux univers se rencontrent, comme celui du récit principal et de l’histoire du Petit Prince, narré par l’Aviateur qui l’aurait connu dans sa jeunesse. Par ailleurs, le récit principal permet à un jeune public de mieux comprendre ce classique de la littérature, qui montre notamment l’importance des rapports humains et des liens d’amitié.
J’ai pris plaisir à redécouvrir l’histoire du Petit Prince. Dans le dessin ci-contre, que voyez-vous? Une boîte? Mais non, un mouton, évidemment. Lorsque le garçon demande à l’Aviateur de lui dessiner un mouton, il est toujours insatisfait du dessin qu’il reçoit. L’homme décide alors de lui dessiner une boîte qui contiendrait le mouton. Et le Petit Prince est alors très heureux. Il a tout le pouvoir d’imaginer son mouton de la manière qu’il le souhaite.
Le Petit Prince nous amène ainsi à croire en une forme d’impossible, qui, à sa façon, fait sens. Un voyage poétique vraiment magnifique!
Note : 8,5/10
Quelques petits faits intéressants : Le Petit Prince est publié pour la première fois en 1943. De sa parution à la fin de 2014, il a été vendu à plus de 185 millions d’exemplaires dans le monde. Excluant la Bible ou les œuvres de Mao Tsé Toung, il s’agit du texte littéraire le plus traduit dans le monde : on le retrouve en 240 langues et dialectes.
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