Patrick (Louis Morissette), comme tant d’autres de sa génération, semble puiser son bonheur dans le regard que son prochain pose sur lui, le poussant vers un objectif qui n’est pas le sien. Pris dans l’engrange de la surconsommation, la vie finit par le rattraper et lui rappeler qu’il ne devient pas l’homme qu’il souhaitait.
Après avoir traité de sa jeunesse dans 1981 et 1987, Ricardo Trogi est de retour dans le questionnement sur la vie de couple du point de vue de l’homme (Québec-Montréal, Horloge biologique). Dans Le Mirage, c’est Patrick qui se questionne sur sa vie. Vivant en banlieue, avec sa petite famille et sa femme dépressive, il ne peut s’empêcher d’envier ses voisins et amis. S’il a un spa, il m’en faut un… Un vrai banlieusard quoi!
Et comme l’argent est souvent une des grandes causes de conflits à l’intérieur d’un couple, Trogi lui offre une très grande place dans son dernier film. Non seulement Patrick tente, avec grande subtilité (et même avec beaucoup trop de celle-ci), de faire comprendre à sa femme qu’ils ont de gros problèmes d’argent, mais le réalisateur offre une superbe scène en début de film dans laquelle le couple soupe avec des amis. Alors que les deux couples discutent, la caméra fait un long panoramique autour de la pièce en nous montrant le prix de chaque objet la constituant. C’est magnifique et ça situe le spectateur par rapport à ce qui suivra.
Scénarisé par Louis Morissette (C.A., 3 x rien) et François Avard (Les Beaux Malaises, Les Bougons : c’est aussi ça la vie!), Le Mirage ne pouvait être autrement que décapant. De plus, avec Patrice Robitaille et Julie Perreault, ça ne pouvait qu’être bon. Et ce l’est! Drôle, décapant et bon… Une comédie dramatique comme nous les aimons tant au Québec. D’ailleurs, Trogi est un des rares réalisateurs québécois qui réussit à remplir les salles tout en ayant une bonne réception critique.
Ok, maintenant, je dois avouer quelque chose. Je n’aime vraiment pas Louis Morissette. Mais je n’ai pas le choix que de dire qu’il s’en sort très bien. Il est amusant, touchant et même très bon. Il réussit à montrer le désespoir d’un homme dont la vie n’a pas pris la tournure espérée. Un homme dont la carrière n’avance plus, dont la femme n’a plus de désirs et qui est en burnout, un homme dont les finances ne vont pas très bien, et surtout… Un homme dont le meilleur ami semble avoir la vie parfaite. Cette vie dont lui, Patrick, rêve : une femme avec un corps superbe et qui, en plus, est cochonne, une carrière fructueuse, de l’argent en masse et une famille heureuse.
Le Mirage montre bien l’envie et l’insatisfaction que bien des hommes ressentent tout au long de leur vie. Il arrive en salle le 5 août.
Note : 7.5/10
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