Scène du film Roma de Fellini

Roma – Satire

Affiche de Roma de FelliniLa vie à Rome de 1930 à 1970, vue par un de ses admirateurs, Federico Fellini. Fresque monumentale dans laquelle réalité et fantasmes du réalisateur sont étroitement mêlés.

Roma est une mosaïque d’épisodes où Rome est le personnage principal. En fait, cet essai cinématographique est une autobiographie intimement liée à un récit de l’histoire de Rome. Récit qui possède tout de même ce ton satirique que Fellini aimait employer dans son cinéma d’essai. On peut penser à 8 ½.

Ici, le réalisateur ne manque pas d’égratigner les pouvoirs qui ont eu la main mise sur Rome à travers le temps. D’ailleurs, une grande partie du film se déroule dans les années 1940, alors que le régime fasciste est en place, régime dont on se moque dans plusieurs scènes. Il y a un long moment où l’onDéfilé pour le Pape - Roma peut regarder les soldats qui se choisissent des prostitués comme s’ils étaient devant un buffet. Fellini critique encore plus fortement l’Église catholique dans une séquence surréelle dans laquelle on voit un défilé de mode où sont montrés différents habits ecclésiastiques tous aussi laids les uns que les autres. Le tout présenté devant le Pape en personne.

Dans Roma, Fellini nous offre plusieurs scènes mémorables. Souvent de longs plans-séquences, qui complètent un court tableau à l’intérieur du tout qu’est le film. L’une de ces scènes se déroule à l’entrée de Rome, alors qu’une grue située dans la boîte d’un camion filme les voitures, les gens, la pluie, la boue et tout ce qu’il est possible de filmer en roulant et sans arrêter la caméra.

Les comparaisons entre les années 1930-1940 et les années 1970 sont très intéressantes. Les années 1930 : le jeune homme, un peu timide, prend pension dans un appartement populaire où l’accueille une famille modeste, bruyante, débraillée. Le soir, dans un restaurant du quartier dont les tables s’étalent jusque sur la chaussée, les clients parlent, rient, crient et mangent goulûment des nourritures lourdes. Les années 1970 : une circulation intense occupe les voies multiples du boulevard Périphérique qui ceinture la ville. Un camion se renverse et prend feu. Images nocturnes, impressionnantes. Fellini, entouré de son équipe de tournage, sillonne les rues de la ville et discute avec ses habitants. Il évoque les music-halls d’antan avec leurs spectacles grotesques, leur atmosphère douteuse et bon enfant, leurs artistes minables, la joie et les disputes d’un public grossier.

Mais Rome, c’est aussi le quartier touristique de Trastevere. Intellectuels, badauds, artistes, touristes et marginaux s’entrecroisent, s’apostrophent, et s’attablent dans les différents recoins. Puis, un groupe de motocyclistes anonymes, bottés et casqués, traverse la ville et ses plus fiers monuments. Puis, s’en éloigne.

Voilà Rome… Voilà la Roma de Fellini. Avec tout ce qu’elle inspire de bien et de moins bien à travers les époques et surtout à travers le regard d’un seul homme, le seul Federico Fellini.

 

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