Deuil. J’haïs ça ce mot-là.
Il y a deux ans, j’avais été charmée par Le Météore de François Delisle. Quand j’ai vu qu’il sortait un nouveau long métrage, j’avais très hâte de le voir. Et je n’ai pas été déçue. Chorus est tout simplement magnifique! Il avait d’ailleurs été très bien reçu à Sundance et à la Berlinale.
Hugo avait huit ans lorsqu’il a disparu. Après des recherches infructueuses, le couple de parents formé par Christophe (Sébastien Ricard) et Irène (Fanny Mallette) s’est brisé sous le poids de l’attente insoutenable. L’un s’est exilé au Mexique. L’autre a repris sa carrière d’alto au sein d’un chœur de musique ancienne. Vivant des solitudes parallèles et habités par la disparition d’Hugo, un jour, on leur annonce que des restes humains ont été retrouvés. Face à la mort de leur enfant, chacun chemine différemment pendant leurs retrouvailles forcées à Montréal. Autour de la perte coupable se révéleront non sans difficulté, la confiance en la vie, l’acceptation de la mort et même la possibilité d’une réconciliation. Chorus est une histoire d’amour qui émerge d’un deuil et qui se termine par une étreinte entre deux survivants, comme pour cicatriser une blessure fondamentale.
Le choix du noir et blanc, plutôt en nuances de gris, est ici tout à fait adapté pour montrer la souffrance et le drame que vivent ces parents. Cela reflète le vide qui les habite depuis dix ans. Quoique la douleur soit toujours vive, ces dix ans ont permis aux personnages de mettre des mots sur leur souffrance. Ils ont eu le temps de l’apprivoiser. Le réalisateur confiait d’ailleurs qu’il souhaitait se « colleter au réel », « y faire face » : « Ça me semble être un signe de vitalité : aborder la mort, c’est une bonne façon d’aborder la vie. »
On retrouve aussi certaines parentés entre Chorus et Le Météore. Quelques longs plans de nature et d’objets, et des passages narrés. Mais il y a cette fois-ci des dialogues entre les personnages. Les plans tournés au Mexique, tout particulièrement ceux d’océan, sont particulièrement beaux. Tout le travail de la photographie est incroyable. Les images dégagent une grande poésie.
Le travail autour du chœur est d’ailleurs très intéressant. La musique ancienne chantée en canon ajoute une belle intensité. Et vers la fin du film, la prestation du groupe montréalais Suuns amène une tout autre atmosphère, marquant ainsi le cheminement des personnages.
Les acteurs principaux sont excellents : Sébastien Ricard et Fanny Mallette. Ils jouent sans excès, tout en douceur. Et ils nous transmettent leur trouble, leur douleur. Je n’ai pas pu m’empêcher de verser quelques larmes. Geneviève Bujold et Pierre Curzi offrent aussi de belles prestations.
Chorus est un appel à la vie qui passe par le deuil : la fin d’une attente qui marque le début d’un renouveau.
Note : 9,5/10
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