Je me mets pas à genoux. Devant personne. Surtout pas devant toé pis ta p’tite criss de face d’ange.
Éloi
Micheline Lanctôt réalise son dixième long métrage : Autrui. Lancé aux Rendez-vous du cinéma québécois à la soirée Tapis bleu du lundi 23 février, le film sort en salle le 27 février. Un film de circonstances par ce mois aux froides températures.
Par une nuit d’hiver venteuse et glaciale, Lucie (Brigitte Pogonat), une jeune femme introvertie, recueille chez elle Éloi (Robin Aubert), un clochard sur le point de mourir de froid. Ce geste charitable les liera dans une relation compliquée, qui les mènera sur le chemin de l’espoir.
L’espoir est tout de même mince. La relation entre les protagonistes est assez difficile. On ne porte pas un regard tendre sur l’itinérance. On ne laisse pas croire bêtement que Lucie, par sa bonne volonté, sauverait quasi instantanément un itinérant. Au contraire, il y a beaucoup de heurts et d’attentes déçues. Et on aurait le goût de les brasser, chacun leur tour, pour leur faire entendre raison. Et les faire parler, eux qui n’ont pas la parole facile.
Les secrets des personnages ne sont pas dévoilés. On ne connaîtra pas les raisons qui auront mené Éloi dans la rue, pas plus que les motivations de Lucie de prendre cet homme « en charge ». Et à mon avis, c’est tant mieux.
L’itinérance est une réalité. Principalement dans les métropoles. Malgré les nombreux itinérants, la plupart des gens les ignorent. On ne souhaite pas voir la misère et la pauvreté. On cherche à s’en détacher. Quant au personnage de Lucie, elle tente de l’affronter en soignant Éloi, et en l’accueillant jour après jour.
À l’émission Médium large, le 20 février dernier, Micheline Lanctôt qualifiait Lucie de « jeune femme en devenir » malgré ses 27-28 ans. Elle considère la vingtaine comme « le nouvel âge d’adolescence », un âge où les jeunes gens ont de la difficulté à se trouver, à savoir ce qu’ils veulent d’un point de vue tant professionnel que personnel. Lucie cherche ses assises. Et elle peine à s’affirmer, à faire entendre sa voix, au travail comme à la maison.
Tout au long du film, on est bercé par les bruits de la ville, les klaxons, les cris, la vie à Montréal! Les bruits nocturnes sont très importants. Ils font partie de la relation entre les deux personnages puisque c’est à la nuit tombée qu’Éloi vient trouver refuge chez Lucie.
Autrui n’est pas facile à prendre par moments : c’est dur, c’est laid et ça pue! Mais il s’en dégage beaucoup d’émotions, une belle sensibilité et une grande force de caractère.
Note : 8,5/10
© 2023 Le petit septième