Le dernier opus de Charles Binamé (connu notamment pour Maurice Richard et Séraphin : un homme et son péché), Elephant song, prend l’affiche au Québec. Le film a été tourné en anglais au Québec, à Cuba et en Afrique du Sud. Le scénario est écrit par Nicolas Billon d’après sa pièce de théâtre, qui a connu un grand succès et a été jouée au Canada, aux États-Unis, en France, en Angleterre et en Australie.
Un éminent psychiatre disparaît de son bureau; la dernière personne à l’avoir vu est Michael (Xavier Dolan), un jeune patient au comportement instable. Le directeur de l’hôpital, le Dr Greene (Bruce Greenwood), vient le rencontrer pour l’interroger. Miss Peterson (Catherine Keener), l’infirmière en chef, qui connaît mieux que quiconque le passé tragique qui pèse sur son directeur, le met en garde contre les manipulations de ce singulier patient. Mais le Docteur Greene fait fi de son avertissement. Fidèle à lui-même, Michael se joue de ses questions, discourant plutôt d’éléphants et d’opéra, insinuant même un meurtre sans cadavre, puis une conspiration, le tout afin de le déstabiliser au maximum.
Le réalisateur compare son film à des poupées russes par sa construction aux nombreuses mises en abyme : beaucoup d’histoires différentes aux tons variés. La principale et deux plus anciennes impliquent Michael. Le film s’ouvre d’ailleurs sur une scène de concert d’opéra, dans les années 1940 à Cuba. L’atmosphère très romantique tranche avec les scènes suivantes où l’on se rend à l’asile où réside Michael, quelque vingt ans plus tard. Une autre histoire tourne autour de la vie personnelle de Dr Greene, vie que le patient semble étrangement connaître. Et le tout est supporté par une autre histoire impliquant le Dr Greene, Miss Peterson et le Dr Jones (Guy Nadon).
Les plans sont souvent légèrement arrondis, ce qui ajoute un aspect onirique aux images et contribue à marquer le doute qui habite l’esprit du docteur. Cela ajoute également à l’angoisse de Dr Greene qui replonge malgré lui dans un passé douloureux. On semble ainsi nager en plein délire. À la limite, c’est un peu trop. Trop d’histoires et d’effets bien que le tout soit correctement construit.
Xavier Dolan joue très bien la folie. Et je n’ai pu m’empêcher de voir en ce personnage quelque chose de Tom dans Tom à la ferme. Peut-être cela ne tient-il qu’aux expressions un peu torturées ou empreintes de folie de Dolan. Mais certains gros plans m’ont tout de même dérangée (principalement une scène qui se passe dans les toilettes), où j’avais l’impression que l’on forçait un peu la dose pour faire voir la folie et l’instabilité du personnage.
Elephant song est un thriller psychologique dans lequel on emprunte les chemins tortueux de la folie et du mensonge afin qu’éclate la vérité.
♫ Un éléphant, ça trompe, ça trompe. Un éléphant, ça trompe énormément. ♫
Note : 7/10
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