Scène de Impaled de Larry Clark

Destricted – Étranges visions

Le 13 février 2015

DestrictedÇa fait un moment déjà que l’on voulait voir Destricted (2010), où sont regroupés huit courts métrages de huit réalisateurs : Matthew Barney, Richard Prince, Tunga, Marilyn Minter, Sante D’Orazio, Larry Clark, Cecily Brown et Gaspar Noé. L’ensemble a notamment fait partie de la sélection officielle de Sundance et de la semaine de la critique de Cannes. Dans ces courts métrages, les réalisateurs présentent leur vision de la sexualité et de la pornographie. Voilà un sujet tout indiqué pour la Saint-Valentin. Mais nous avons été quelque peu surpris.

Les quatre premiers films allaient dans des directions inattendues. Le plan d’ouverture du premier film (Hoist, Barney) va droit au but : on regarde, pendant cinq minutes, un pénis en gros plan qui durcit tout doucement. L’homme est ainsi au cœur d’un conflit, semble-t-il, entre la nature et la machine, éprouvant d’étranges pulsions.

Le deuxième film (House Call, Prince) ressemble à un mauvais film porno des années 1960, jusqu’au rendu photographique qui est (volontairement) de mauvaise qualité. Comme si on visionnait vraiment un vieux film de l’époque. Le troisième (Cooking, Tunga) est vraiment troublant et antisexuel, et le pénis de l’homme a de quoi étonner.

Destricted_2010Le quatrième (Green Pink Caviar, Minter) est assez intéressant : une bouche de femme filmée en gros plan. La réalisatrice joue alors sur les textures et les couleurs. Le cinquième (Scratch This, D’Orazio) a, tout comme le film de Prince, une facture plus ancienne. Trois jeunes femmes couchent ensemble. Des bandes noires masquent leurs yeux et leur sexe, créant une forme d’anonymat.

Le sixième (Impaled, Clark) est aussi le plus long de l’ensemble. Il est filmé comme un documentaire. Fidèle à son cinéma, Clark travaille avec de jeunes gens, tout juste sortis de l’adolescence comme dans Kids, Bully ou Ken Park. Quelques jeunes hommes témoignent de leur vision de la pornographie et livrent quelques-uns de leurs fantasmes. Ils passent alors une entrevue pour savoir lequel aura l’occasion de baiser avec une star du porno. On rencontrera ainsi des actrices du milieu qui brisent l’image des jeunes femmes abusées et on voit bien qu’elles se plaisent à faire ce qu’elles font. C’est le film que j’ai préféré.

Le septième (Four Letter Heaven, Brown) est un court film animé très coloré et bien construit. Et le huitième et dernier (We Fuck Alone, Noé) est aussi très intéressant. En 2002, Noé avait profondément choqué avec son film Irreversible où il présentait une scène de viol anal, filmée en temps réel (18 minutes). Ce court est aussi troublant quoique moins choquant. Les effets lumineux de type stroboscopiques ajoutent à l’esthétique du film. Épileptiques s’abstenir!

Il est évident que ces films amènent une forme de controverse. J’ai eu plus de difficulté avec les cinq premiers. Mais les trois autres m’ont plu. Ce n’était pas aussi stimulant que ce que j’aurais cru. Ce n’est donc pas l’ensemble tout indiqué pour passer une folle soirée de sexe, mais il n’est tout de même pas dépourvu d’intérêt. Il faut seulement savoir à quoi s’attendre.

Destricted allie folie, excentricité, dépravation, déviance et fantasmes.

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Le 13 février 2015

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