Le réalisateur et acteur Mathieu Amalric adapte le roman La chambre bleue du très prolifique écrivain belge Georges Simenon. Il a coécrit le scénario avec Stéphanie Cléau, avec qui il partage d’ailleurs l’écran. Le projet du film lui est venu en janvier 2013 pendant le tournage de La Vénus à la fourrure de Polanski – dans lequel, rappelons-le, il était magistral. Et les choses sont ensuite allées très vite. Ce film policier, très court (76 minutes), a été sélectionné dans plusieurs festivals, dont celui de Cannes dans la catégorie « Un certain regard ».
— Dis-moi Julien, si je devenais libre, tu te rendrais libre aussi?
— Tu dis?…
Un homme (Julien : Mathieu Amalric) et une femme (Esther : Stéphanie Cléau) s’aiment en secret dans une chambre, se désirent, se veulent, se mordent même. Puis s’échangent quelques mots anodins après l’amour. Du moins l’homme semble le croire. Car aujourd’hui arrêté, face aux questions des gendarmes et du juge d’instruction, Julien cherche les mots. « La vie est différente quand on la vit et quand on l’épluche après-coup. » Que s’est-il passé, de quel crime est-il accusé?…
Il faut d’abord parler de la structure à rebours. Les premiers plans nous présentent les amants à l’hôtel, à l’été. Dans les plans suivants, on se promène dans le temps, sur quelques mois, et on assiste aux interrogatoires de Julien. On ne connaît pas le crime dont on l’accuse. On ne sait même pas qui est la victime. Sa maîtresse ou sa femme (Léa Drucker), ou encore le mari de sa maîtresse? Petit à petit, on nous livre des indices… Et on reconstruit les circonstances qui ont mené Julien et Esther à se voir en cachette pendant près de 11 mois.
Et même à la fin, la part de responsabilités des différents personnages quant à l’homicide reste incertaine. Un verdict tombe, mais ce n’est pourtant pas limpide. Plus d’un personnage pourraient tirer profit d’un verdict de culpabilité à l’encontre de Julien. En ce sens, le film est très bien fait. Et le titre évoque à la fois le bleu de la chambre des amants et celui de la salle du tribunal à la toute fin du film.
Le film n’est pas tourné en format panoramique, mais bien en 4:3. Amalric considère que ce format emprisonne les personnages et permet de rendre compte de l’atmosphère froide : « On a affaire dans La chambre bleue a des personnages empêchés, seuls, et je savais qu’il n’y aurait pas de mouvements de caméras pour lier, unir les protagonistes entre eux. »
La chambre bleue ne révolutionne peut-être pas le septième art (le réalisateur avouait que son film faisait « genre série B »), mais est assurément divertissant. Un film policier bien monté!
Note : 7/10
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Je tenais à te remercier pour ton blog, il est clair et c’est un vrai bonheur de le lire