Le premier long métrage de Bas Devos, Violet, une coproduction Belgique et Pays-Bas, a remporté le Grand Prix de la Génération 14plus, au Berlinale 2014. Il a également raflé deux prix au dernier Festival du nouveau cinéma de Montréal : le Prix de l’innovation Daniel Langlois (notamment pour son audace esthétique) et le Prix de l’Association québécoise des critiques de cinéma (AQCC). À ma connaissance, le film n’est disponible au Québec que sur Illico.
Jonas et Jesse (Cesar de Sutter) flânent dans un centre d’achat. Ils se font aborder par deux jeunes hommes. L’un deux poignarde Jonas. Jesse assiste à la scène, impuissant. Il essaie ensuite de retrouver une vie normale. Les autres gars de son groupe de cyclistes BMX voudraient comprendre ce qui s’est passé, mais Jesse est incapable d’en parler et s’isole davantage.
Le film commence donc par les images du meurtre de Jonas, que nous voyons à travers les caméras de surveillance du centre commercial. Le rendu est alors très différent du reste du film et crée une distance avec ce qui se produit. Différentes images indistinctes sont insérées dans le film, qui créent un trouble et amènent un questionnement sur la nature même de ces images. Je n’en ai d’ailleurs pas vraiment saisi le sens…
Fait rare de nos jours, Violet est filmé en format 4:3, un format très photographique. Les plans, souvent longs et statiques, sont bien construits et très beaux. Certaines scènes sont même choquantes. Je pense à une scène précise où les concierges du centre commercial ramassent à la fourche les fleurs et cadeaux déposés en l’honneur de l’adolescent assassiné.
Tout au long du film, les images priment sur les dialogues : les silences en disent plus que les mots. Jesse est tellement soufflé par la mort de son ami, figé devant les agresseurs, qu’il reste sans voix et évite d’aborder le sujet.
L’esthétique du film rappelle certains films de Gus Van Sant. Pensons notamment Elephant (2003), par les nombreux plans où l’on suit Jesse, et à Paranoid Park (2007), par les thèmes et le protagoniste qui se replie sur lui-même.
Je dois dire qu’à la fin du film, je n’avais pas compris le titre. J’étais bien heureuse de trouver l’explication dans une entrevue accordée par le réalisateur : « The first reason is that when people say “violet”, I always hear “violent” – which I like, because the film begins with a violent event. The second reason is a song Violet by Deafheaven, an American band – it plays in the movie. » [La première raison est que quand les gens disent « violet », j’entends toujours « violent » – ce que j’aime, parce que le film commence avec un événement violent. La seconde raison est que la chanson Violet de Deafheaven, un groupe américain, joue dans le film.] Et ceci n’est que le début de son explication.
Violet est un film lent et silencieux, qui aborde un sujet sensible où Jesse expérimente la culpabilité de n’avoir pas su agir de même que la douleur d’avoir perdu un ami proche.
Note : 7,5/10
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