Guido (Marcello Mastroianni), un cinéaste dépressif fuit le monde du cinéma et se réfugie dans un univers peuplé de fantasmes.
Dans 8 ½, Federico Fellini décrit sa propre angoisse face à la création. Alter ego de Fellini, Guido est en manque d’inspiration. Il se perd, se laissant submerger par un flot incontrôlé de souvenirs, de rêves, de fantasmes, d’hallucinations. C’est le monde d’une conscience créative en crise, d’un découragement.
D’ailleurs, savez-vous pourquoi le film porte le titre de 8 ½? Car il s’agit de la 8e œuvre et demie du réalisateur. Il venait en effet après sept longs métrages et les sketches Agence matrimoniale de l’ensemble L’amour à la ville et La tentation du docteur Antonio de Boccace 70 qui, au vu de leur durée, ne comptaient ensemble que pour un demi-film.
Il est intéressant, ici, de regarder la structure du film. Fellini y a superposé trois différents points de vue de la même histoire, vue par le même personnage : la réalité, le film qu’il tourne et le rêve/fantasme. Ce qui rend ce long métrage encore plus différent, c’est le fait qu’il n’y a pas de façon claire de savoir dans laquelle de ces trois « visions » on se trouve.
La bande-son joue, pour sa part, un rôle crucial. La musique intervient presque exclusivement lorsque l’imaginaire de Guido se réveille. Elle permet en quelque sorte d’anticiper l’univers du fantasme de Guido.
L’œuvre de Fellini touche un style qui n’existait pas vraiment dans le cinéma italien de l’époque, c’est-à-dire le surréel. Le monde fantasmé par Guido se révèle certainement plus attrayant que la réalité. Surtout que dans sa réalité, les gens ne cessent de le harceler afin de savoir quel rôle ils tiendront dans son prochain film. D’ailleurs, ces moments m’ont bien fait sourire. C’est de là que je tire mon titre, car ces nombreux personnages qui ne cessent de courir après notre héros répètent encore et encore « Guigo, alors ce rôle ».
Quoi qu’il en soit, 8 ½ arrive alors que le cinéma italien est encore dominant. Des années 1940 au milieu des années 1960, l’Italie était un des pays – avec la France – qui dominaient le paysage cinématographique.
Fellini peut bien rejeter l’idée que 8 ½ est autobiographique, ce film n’en est pas moins celui qui se rapproche le plus de sa conscience créative. Un classique. Un chef-d’œuvre. Un film à voir.
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