Le film chinois A Touch of Sin (2013) de Jia Zhang Ke, qui a été présenté dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma, est présentement à l’affiche. Ce long métrage a d’ailleurs remporté le Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes 2013. Construit en quatre temps, on nous présente tout autant de personnages. Dahai, un mineur insatisfait, tente tant bien que mal de dénoncer la corruption de ses patrons; San’er, un travailleur migrant, n’a d’intérêt que dans le maniement des armes à feu; Xiaoyu, hôtesse d’accueil dans un sauna, est désespérée de sa situation amoureuse complexe et réagira violemment aux avances insistantes d’un client; et finalement Xiaohui, un jeune homme en quête de lui-même, passe d’un travail à l’autre. Mais ces tableaux seront liés les uns aux autres par les lieux que côtoient les personnages ainsi que leur détresse. Quatre portraits empreints de violence.
Selon ce qu’écrivait Paul Landriau dans Point de vues, le réalisateur fait partie de la 6e génération de cinéastes chinois, génération qui naît après le massacre de la place Tiannanmen de 1989. Leurs films sont souvent caractérisés par « un goût pour l’indépendance, un besoin de raconter les événements de leur point de vue, une réflexion sur la jeunesse chinoise, qui se sent un peu laissée à elle-même, une esthétique minimale, voire épurée, un certain réalisme social. »
A Touch of Sin met à jour certaines injustices sociales et le peu de moyens des gens pour y remédier. On nous présente des êtres en détresse, désabusés, qui se tournent vers la violence faute d’autres solutions. Par exemple, incapable de dénoncer par les voies officielles la corruption qui rend les habitants de son village misérable, Dahai en fait une affaire personnelle et se venge de tous ceux qui, selon lui, le méritent. Le film sort des grandes métropoles et nous montre plutôt des villages d’ouvriers où la vie est dure et les finances, difficiles. Nous sommes très loin d’un portrait idéalisé de la Chine. Les quatre portraits ont en commun le meurtre ou la mort. Et les plans sanglants ne manquent pas.
Dans le deuxième tableau, on nous présente les festivités du Nouvel An chinois, au cours desquelles les feux d’artifice sont à l’honneur. Ces « pétards » seront mis en relation avec les coups de feu d’un pistolet… Fait curieux, compte tenu de cette période de l’année bien achalandée dans les transports en commun, un message des contrôleurs interdit momentanément le transport d’armes à feu ou de couteaux dans les trains. Cette mesure n’est donc pas effective à l’année?
Dans deux séquences (Xiaoyu et Xiaohui), les personnages travaillent dans des lieux de débauche (salon de massage et sauna, hôtel particulier). Si la première y est poussée à bout par un client qui refuse le rejet, le second choisit de quitter ce lieu malsain pour un travail en usine. Ses faibles moyens, les reproches de sa mère, les amitiés passagères, causent au jeune homme de grandes remises en question pour lesquelles il ne semble pas voir de solution.
A Touch of Sin est un film puissant, très bien monté et d’une belle qualité photographique, qui présente le mal-être des moins fortunés.
Note : 8,5/10
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extraordinaire article, merci bien.