Twixt – Avec l’aide de Poe

Twixt - afficheAprès une sortie européenne au printemps 2012, Twixt, nouvelle œuvre de Francis Ford Coppola (The Godfather), arrive finalement sur nos écrans. Hall Baltimore (Val Kilmer), un écrivain dont la carrière bat de l’aile, arrive dans un petit village pour la promotion de son nouveau roman sur les sorcières. Il est alors intrigué par le récent meurtre d’une jeune fille. La nuit suivante, dans un rêve, il est approché par le fantôme de la jeune V. (Elle Fanning). Il n’est pas trop certain de la signification de cette apparition, mais, avec la complicité du shérif, il retrouvera l’inspiration. Il réussira à avancer dans cette sordide histoire tout en acceptant de replonger dans son dur passé.

Twixt est probablement le film le plus personnel de l’œuvre de Coppola. Il utilise son propre passé pour nourrir celui de son personnage. Coppola avait, lui aussi, perdu son fils dans un accident de bateau moteur en 1986. Il s’inspire aussi de deux auteurs américains importants, soit Edgar Allen Poe et Nathaniel Hawthorn. L’œuvre de Poe est très certainement facile à repérer tout au long du film, d’autant plus qu’il est un des personnages importants de l’histoire. Tout au fil de ses rêves, Baltinore discutera avec Poe, dans le but qu’il l’aide à écrire une bonne histoire. C’est donc Poe qui le guidera tout en lui expliquant l’importance de la répétition (« Never more » dans The Raven) ou l’importance de l’être aimé du héros (Lenore, Berenice, Mlle Usher). D’ailleurs, l’ambiance du film ressemble beaucoup à celle des histoires d’Edgar Poe.

Outre les références aux deux auteurs, le film se démarque par le style de l’image. Coppola a travaillé le rendu final en amenant, dans les scènes de rêve, une image en noir et blanc tout en conservant quelques couleurs. Parfois un rouge qui rappelle le sang, parfois un jaune vif pour ajouter une touche de lumière. L’image de l’histoire « réelle » est aussi modifiée. Le réalisateur ajoute souvent aussi de la luminosité et de la saturation à son image. Le résultat est parfait. On a l’impression d’être dans une réalité déformée. Il joue également avec le son. Lorsqu’on entre dans les rêves de Baltimore, les voix ont soudainement plus de profondeur et une sorte d’écho s’y ajoute.

Il est intéressant aussi de comparer la carrière de Kilmer avec celle de son personnage. L’un comme l’autre ont eu un début de carrière fulgurant, avant de disparaitre dans la médiocrité pour finalement revenir à l’avant-scène. Il est d’ailleurs très bon dans le rôle de Hall Baltimore. La jeune Elle Fanning est magnifique dans ce rôle de spectre. Adorable et terrifiante à la fois, elle apporte beaucoup à cette œuvre. Je vous invite par ailleurs à visiter le site Web du film, qui est particulièrement intéressant.

Twixt, qui a été produit à compte d’auteur, est un film lent, dans lequel c’est l’ambiance qui domine. Un long métrage qui rend hommage à ceux qui ont inspiré F.F. Coppola et une acceptation de la perte de son fils. Un film sur la mélancolie et les échos du passé.

Note : 8/10

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième