Renoir – La chair exposée

Andrée Madeleine Heuschling  peinte par Renoir. Le film français Renoir (2012) de Gilles Bourdos est maintenant en salles au Québec. Basé sur l’histoire vraie du peintre Auguste Renoir (Michel Bouquet), il nous présente l’artiste au soir de sa vie. Le récit se situe durant la Première Guerre mondiale. Renoir souffre alors terriblement, mais refuse d’arrêter de peindre. Les personnages de Jean Renoir (Vincent Rottiers), le fils d’Auguste Renoir, et d’Andrée Heuschling (Christa Theret, jeune actrice en vogue en France), modèle du père et maîtresse du fils, sont aussi au cœur de l’histoire. Le scénario, écrit par Gilles Bourdos, s’inspire notamment des faits rapportés par Jacques Renoir, arrière-petit-fils du peintre.

Le travail des images du film est magnifique. La lumière semble sortir d’une peinture de Renoir. Deux plans sont particulièrement frappants. Le premier, tout simple, montre un verre d’eau en gros plan dans lequel Renoir trempe son pinceau. Le mélange de la peinture dans l’eau, les mouvements colorés que cela entraîne sont très beaux. L’autre plan montre Andrée qui joue avec un arrosoir. Le jet d’eau qui frappe la lumière est aussi très intéressant. En fait, plusieurs plans donnent l’impression d’être dans une peinture de Renoir. Il y a ainsi beaucoup de plans qui font carte postale, mais cela va évidemment avec l’esthétique du film au contraire peut-être d’un film comme François et le chemin du soleil (voir la critique du 28 mars 2013). Les scènes en extérieur sont nombreuses. L’une d’elles montre le peintre et ses employées se rendant à « la source », lieu isolé au bord de la rivière, où il peint en les regardant s’amuser, ce qui rappelle notamment ses Baigneuses. On insiste sur la peinture, sur l’importance du regard, sur le jeu des couleurs.

On insiste par ailleurs sur la chair. Le peintre revient souvent sur l’importance de la chair, de la vie dans ses toiles. La fermeté, la rondeur, la chair inspirante… Dans plus de la moitié des plans, Christa Theret est dénudée, posant pour « le patron » comme ses employées le nomment. Renoir aimait peindre des femmes nues. Quand on regarde ses peintures, on remarque que plusieurs de ses modèles étaient rousses, comme l’actrice qui joue Andrée. Le jeu de Michel Bouquet est magistral. Il incarne la passion (pour son art) et la douleur (impuissance de voir son fils risquer sa vie au combat et lutte contre la maladie). La musique d’Alexandre Desplat s’agence très bien à l’ensemble.

L’histoire d’amour naissante entre Jean et Andrée n’est pas inintéressante, mais n’apporte pas non plus au film. Ce sont les scènes de peinture, le discours sur cet art, qui ressort vraiment. Aussi, bien que Jean Renoir sera un des grands cinéastes du XXe siècle, pensons notamment à La Grande illusion (1937) classé chef-d’œuvre, on n’aborde pas son œuvre. Le film se termine avant son entrée dans le monde du cinéma.

Il s’agit là d’un film lumineux qui présente un peintre passionné. Renoir donne envie de se plonger dans l’œuvre de maître français.

Note : 7,5/10

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième