Les Misérables (2012) : ou l’éloge du Reader’s digest

La nouvelle vision (s’il s’agit bien d’une vision) des Misérables n’est rien de plus qu’une grosse déception. Ce film propulsé par une très attrayante bande-annonce ne livre que peu de bons moments. Après le visionnement, plusieurs questions me viennent en tête. Le réalisateur a-t-il déjà lu l’œuvre de Victor Hugo? A-t-il déjà regardé une comédie musicale? Sait-il comment créer une trame dramatique?

Je ne sais pas trop comment résumer le film. Comme Les Misérables de Victor Hugo est un classique, la grande majorité des gens connaissent déjà l’histoire ou, du moins, les grandes lignes. Ce qui ne semble pas être le cas de Tom Hooper. S’il avait lu le livre, il saurait que la majeure partie du roman raconte l’histoire de Jean Valjean qui tente de se refaire une vie et celle de Fantine qui tente de donner une vie à sa fille – et non pas l’histoire d’amour entre Cosette et Marius. Mais j’imagine qu’une histoire d’amour vend plus de billets que la dure réalité d’un homme en quête de rédemption ou d’une femme qui aime sa fille. Donc, le film qui nous est présenté, nous « garroche » les 787 premières pages du livre en 40 minutes, pour ensuite nous raconter les 175 dernières pages du roman. De ces pages, on retire un grand volet qui parle de l’histoire de la France et on garde finalement une cinquantaine de pages. Nous avons donc un film qui « raconte » l’œuvre originale à la lettre, en suivant ses quelques 100 pages. Mais attendez… ce livre en fait plus de 900. Et si je me souviens bien, l’histoire entre Marius et Cosette n’est pas particulièrement importante. Pourquoi ce film s’appelle donc Les Misérables?

Autre point. Je sais que nous parlons d’une comédie musicale (ou drame musical?), mais doit-on réciter toutes les phrases en chantonnant? Lorsque Fantine est sur le point de mourir, et qu’Anne Hathaway commence à chantonner en toussant, avec Hugh Jackman, qui fait pareil, le dialogue perd toute sa crédibilité. Pour être efficace et garder son intérêt, une comédie musicale doit savoir quand mettre et quand ne pas mettre de chansons.

D’ailleurs, c’est pas facile le français, n’est-ce pas? Plusieurs acteurs ont une incroyable difficulté à dire les noms des personnages. Ce qui rend cette prononciation encore plus pénible à entendre, c’est que certains acteurs, eux, les prononcent correctement. Mais bon… Comme je le disais, le français est une langue complexe.

Mais ce qui me fait vraiment détester le film, c’est de voir à quelle vitesse (environ 45 minutes) le réalisateur se débarrasse du livre pour passer à sa petite histoire d’amour. Lors du visionnement, j’avais l’impression d’être devant le Reader’s digest : un gros paquet de prémâché bien garroché. Pourquoi perdre du temps à raconter une histoire et à donner vie à des personnages quand on peut se contenter de tirer quelques larmes au public? Ah oui, il y a aussi l’inclusion de l’image du bon héros. Je ne comprends pas cette manie de toujours vouloir que les personnages principaux (dans ce genre de film) soient toujours héroïques. Ne peut-on pas avoir des personnages plus réalistes, surtout lorsque l’œuvre est adaptée d’un roman dans lequel les personnages sont tout sauf des héros? En fin de compte, ne gaspiller pas votre argent et surtout 2h36 de votre temps à aller voir ce mauvais cinéma.

Note : 3/10

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