Let There Be Light – Fabriquer une étoile

« We have to prove that we have the intelligence to prevent our own extinction. »

Affiche de Let There Be LightDans le sud de la France, des scientifiques de 37 pays construisent la machine la plus complexe jamais tentée : un soleil artificiel. S’ils le font bien, cela changera la façon de produire une énergie propre, économique et abondante pendant des millions d’années. S’ils échouent, ce sera l’un des plus grands échecs scientifiques de tous les temps. La fusion nucléaire a été le Saint Graal de l’énergie depuis de nombreuses décennies. C’est le processus qui anime les étoiles, la source ultime de l’énergie dans l’univers. La possibilité que la fusion soit réalisable sur la Terre en tant que source d’énergie obsède les scientifiques depuis près d’un siècle.

Let There Be Light de Mila Aung-Thwin et Van Royko est un documentaire qui s’apparente à un film de science-fiction. L’idée est tout de même un peu folle : fabriquer une étoile. Et les moyens techniques déployés pour y parvenir sont tout aussi incroyables. Les appareils dans lesquels serait contenu ce soleil artificiel sont, pour le moins, étonnants.

Sortir des sentiers battus

Les humains recherchent généralement la facilité. Nous consommons ainsi en grande quantité d’énergies facilement récupérables : gaz fossiles, pétrole, charbon, etc., sans nous soucier outre mesure des conséquences. Mais nous devons nous rendre à l’évidence que, si nous voulons éviter notre propre extinction, il faut maintenant travailler à trouver une source d’énergie renouvelable. L’équilibre écologique est déjà lourdement compromis.

Site du futur réacteur nucléaire de l'ITER, dans Let There Be Light
Site du futur réacteur nucléaire de l’ITER

La fusion nucléaire, la création d’une étoile sur Terre, serait la solution. Mais la création d’un réacteur nucléaire capable de la contenir n’est pas une mince tâche. Pas plus que ne l’est la fusion en elle-même. La température des étoiles est d’environ 150 millions de degrés Celcius et c’est ce qu’il nous faut reproduire, rien que ça!

Pour soutenir les recherches et les essais, il faut des investisseurs. Des investisseurs qui sont prêts à cotiser pendant plus d’une vingtaine d’années encore. L’International Thermonuclear Experimental Reactor (ITER) travaille présentement sur un immense chantier. Si tout est livré dans les délais, une première version du réacteur pourrait être prête pour Noël 2025. Ces délais sont extrêmement courts.

Vulgariser l’impensable

Pour moi, la fusion nucléaire était de l’ordre de la fiction. Mais ce documentaire a réussi à rendre un peu plus concrètes des notions qui m’apparaissent à priori abstraites. Comment? En diversifiant les points de vue et en approchant différents scientifiques qui présentent leurs conceptions et leurs visions de l’avenir de la fusion nucléaire. Chacun à leur manière, tous un peu excentriques (mais peut-être est-ce là un préalable?), apporte leur grain de sable au château.

La plupart des scientifiques qui travaillent à ce projet d’envergure ne seront d’ailleurs plus actifs professionnellement (ou morts) au moment de sa réussite (si le tout se concrétise, souhaitons-le). Ils sont à l’image des grands architectes des projets de cathédrales au cours des siècles passés : ils travaillaient toute leur vie à empiler des pierres sans jamais avoir la chance de voir le résultat, du fait que les chantiers duraient des décennies.

Ronald Richter en animation, dans Let There Be Light
Ronald Richter en animation

Un autre aspect très intéressant de la vulgarisation est l’introduction de séquences animées. Les quelques animations montrent des chercheurs, qui, par le passé, ont contribué à l’évolution des recherches en fusion nucléaire. Ces séquences se superposent aux commentaires des scientifiques qui racontent les faits mis en images. Et celles-ci sont d’ailleurs esthétiquement très belles.

D’autres types d’animation sont présentés, dont l’une très intéressante pendant une intervention de Michel Laberge (eh oui, un Québécois!) où celui-ci mime la fusion. Des éléments sont alors ajoutés au montage en surimpression, ce qui rend ses propos très clairs et vivants.

Mais encore…

Let There Be Light est un documentaire qui mériterait d’être vu par un large public. Malgré une bonne vulgarisation, il n’est pas très facile d’approche, mais il nous fait prendre conscience du monde dans lequel nous vivons.

Eric Lerner, dans Let There Be Light
Eric Lerner

Les documentaires écologistes se multiplient depuis quelques années. Ici, c’est la science qui est au cœur des propos. Saurons-nous mener à terme le plus grand projet jamais tenté, un projet qui assurerait un avenir à l’humanité? Et aurons-nous l’intelligence de subventionner jusqu’à la fin ces recherches risquées? Imaginez la pression qui repose sur les épaules des scientifiques concernés.

Un film qui laisse songeur, qui fait rêver, espérer, même ceux qui, comme moi, ne sont pas adeptes de science-fiction.

Note : 8,5/10

* Le film sera projeté à Fantasia le 27 juillet.

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