Un groupe de jeunes femmes décide de prendre possession des rues de New York, torse nu, afin de protester contre les lois archaïques et de la censure aux États-Unis. Liv (Lola Kirke) et With (Lina Esco), deux jeunes activistes, décident de lancer un mouvement afin de changer le système américain en performant des actes publics et en installant des affiches et des graffitis, en ayant comme seule arme un avocat spécialisé dans les cas ayant trait au premier amendement.
Inspiré par des événements réels, Free the nipple explore de façon légère, mais engagée, les contradictions de notre société dominée par les médias, dans lesquels les actes de violence et les meurtres sont glorifiés, alors que les images d’un corps féminin sont censurées par le FCC et le MPAA. Mais le film pose la question suivante : qu’est-ce qui est le plus obscène : la violence ou un mamelon? Question qui avait été posée dans les années 1970 et à laquelle l’Amérique avait répondu : un mamelon. 40 ans plus tard, ce sont des femmes qui posent maintenant la question.
J’ai eu envie de regarder ce film, car, ces derniers temps, il semble y avoir eu beaucoup de cas où des femmes ont été jugées, ou se sont vues demander de sortir ou de se couvrir pour avoir allaité leur enfant en public. Mais le film de Lina Esco va un peu plus loin. Pourquoi les femmes n’auraient pas autant le droit que les hommes de se promener torse nu? Free the nipple n’est, d’ailleurs, pas qu’un film, mais aussi un mouvement social (que vous pouvez d’ailleurs suivre avec le hashtag #FreeTheNipple).
Une chose m’a particulièrement touché dans ce film. Les actrices principales ne sont pas seulement des actrices, mais elles sont aussi des activistes impliquées dans le mouvement et dans les différents mouvements des droits des femmes. Alors, lorsqu’elles décident de participer à ce genre de film, ce n’est pas innocent. D’ailleurs, je m’interroge à savoir pourquoi ce film n’a pas joui d’une sortie en salles…
Du point de vue cinématographique, bien que Free the nipple soit un film assez léger, il amène toutefois un questionnement nécessaire. Lina Esco se débrouille très bien à la réalisation, et on sent ses actrices totalement impliquées dans le projet. Ça nous donne un film qui nous amuse, nous émeut et nous fait réfléchir sur notre société. Pourquoi trouvons-nous normal de sexualiser un corps de femme dans une publicité, mais qu’il n’est pas acceptable qu’une femme montre son corps sans l’intention d’exciter ou de vendre un produit? Une femme sur Twitter posait la question. Je dois avouer que ça me semble tout à fait pertinent. C’est pourquoi je la reprends dans mon texte.
Il y a un peu plus de 75 ans, il était interdit pour les hommes de se promener torse nu sur les plages américaines. Ridicule, non? Alors, je vous pose la question : ce qui est bon pour lui ne devrait-il pas être bon pour elle?
Note : 8/10
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