Le Magasin des suicides – L’envers du monde

Le Magasin des suicides - AfficheAdapté du roman du même nom de Jean Teulé, publié en 2007, Le Magasin des suicides (2012) de Patrice Leconte (une coproduction France, Canada, Belgique) est un film d’animation sympathique. Cela peut paraître curieux vu le titre, mais le sujet est traité avec beaucoup d’humour. La famille Tuvache, père, mère et enfants, tient un magasin où ceux et celles qui souhaitent en finir avec la vie trouvent leur bonheur : poisons, cordes, pistolets, lames de rasoir, etc. Le fils aîné est dépressif et la fille, très mal dans sa peau. Mais les membres de cette famille ne peuvent se suicider… qui alors tiendrait ce magasin essentiel par les temps qui courent? Avec la crise économique, le moral des gens est au plus bas. Tout se déroule dans une atmosphère de désespoir si chère aux personnages, et ce, jusqu’à la naissance d’Alan, leur nouveau-né, souriant et heureux!…

Ce film aux dessins plutôt sombres, qui viennent ajouter au caractère dépressif, est présenté comme une comédie musicale. C’est par les chansons que l’on fait connaissance avec les personnages. On joue aussi beaucoup sur les contrastes : entre gaieté absolue (Alan et ses quatre amis) et dépression profonde (en gros, le reste de la population). Les cinq garçons cherchent par tous les moyens à faire des mauvais coups aux gens qui veulent mourir afin de peut-être réussir à les faire sourire, avant qu’ils ne deviennent tous orphelins…

Certains slogans ou arguments de vente des Tuvache sont savoureux : « On ne meurt qu’une fois autant que ce soit un moment inoubliable. » « Vous avez raté votre vie, réussissez votre mort… » Les Tuvache offrent même un tarif couple à la Saint-Valentin pour les amoureux désespérés. Par les scènes de violence et une autre de nudité, le film est classé 13 ans et plus.

Mais ce qui marque le plus dans ce long-métrage, c’est la grande parenté entre cette famille et la famille Addams du film Addams Family Values (1993, Barry Sonnenfeld). Les personnages se ressemblent : le regard diabolique du père, le côté blasé et cruel des enfants aînés et la joie morbide de la mère, prenant tous plaisir à la souffrance d’autrui. Mais certaines scènes semblent également s’en inspirer. Les mères (Lucrèce Tuvache et Morticia Addams) donnent naissance à un garçon. Le plan où à l’hôpital elles traversent un corridor vers la salle d’accouchement est très semblable. Quant aux pères (Mishima Tuvache et Gomez Addams), ils seront, vers la fin des films, alités, au bord de la folie. Par ailleurs, la détresse des parents Tuvache et Addams devant leur poupon heureux et en santé est tout aussi sincère. Le bébé Addams, qui au début est un vrai petit démon, fait le bonheur de ses parents, mais il se transformera en bébé souriant, aux boucles blondes et aux joues roses, ce qui affecte grandement le couple. Les Tuvache seront également désemparés devant la joie de vivre de leur enfant, qui ne respecte pas les règles d’usage… ne jamais dire souhaiter « Bonsoir » à un client, mais « Adieu ».

Le Magasin des suicides est idéal pour un moment de détente dans un univers où le mal règne… avec humour et une pointe de gaieté par le jeune Alan qui cherche à renverser l’ordre (dépressif) établi.

Note : 7,5/10

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