Inspiré du récit photographique Le Météore de la photographe Anouk Lessard et du réalisateur, scénariste et producteur François Delisle, ce dernier a fait un scénario original et personnel que l’on peut qualifier de cinéma expérimental ou d’art visuel. Le film Le Météore (2012) a été présenté en première mondial au Festival du film de Sundance et retenu à la sélection officielle du Festival international du film de Berlin. On suit l’histoire de trois personnages à laquelle les vies d’autres personnages viendront se greffer : Pierre qui purge une peine de 14 ans de prison; Suzanne, son ex-copine, qui tente de s’en détacher; et la mère de Pierre, qui le visite chaque semaine depuis son incarcération il y a cinq ans. Des existences liées par la culpabilité. Les protagonistes parlent de leur vie depuis la peine de Pierre. On entre dans un univers différent, sur le ton de la confession.
Après la projection du 8 mars à L’Excentris, François Delisle nous racontait d’où l’inspiration lui était venue. Partant d’une photographie, il composait ce qu’il appelle un monologue. L’image peut ainsi être très liée au texte ou à un détail de la photo, parfois minime. Le film est guidé par une narration. Aucun dialogue, tout est narré en voix-off par de multiples monologues. Les images mises sur ses mots ne semblent pas toujours, à première vue, liées au propos, mais permettent d’exprimer la vision des personnages. On retrouve plusieurs plans d’éléments naturels : le ciel et le mouvement des nuages, les remous d’une chute d’eau, des fleurs, etc. Une telle poésie transparaît de l’ensemble, il s’agit là d’un grand travail de métaphores. Par exemple, au début de la projection, le premier monologue de Suzanne (Noémie Godin-Vigneau, narré par Dominique Leduc) est présenté sur des images d’un appartement presque vide. Une insistance est mise sur la lumière qui filtre sur les murs nus, sur le plancher. Une grande attention aux détails est portée, détails qui se lient de plus en plus aux états d’âme du personnage, à son vide intérieur. Le réalisateur disait chercher à créer une tension entre l’image et le son.
C’est un film sur la solitude des êtres, et ce, malgré la foule qui peut les entourer. Une solitude plus profonde, personnelle. On ne peut qu’être touché par le naturel des images qui défilent devant nos yeux. Un film aussi sur la quête de liberté, sur les prisons qui nous enferment : prison réelle ou prison psychologique.
François Delisle assume d’ailleurs le rôle de Pierre. Le fait qu’il prenne part au film est arrivé un peu par hasard. Devant un paysage brumeux qu’il souhaitait capter, pour bien rendre l’effet d’opacité de la brume, quelqu’un devait la traverser. Il était alors le seul à pouvoir le faire. Il confiait aussi que la plupart des personnages n’étaient pas joués par des acteurs professionnels. Les voix-off ne sont pas assumées par les acteurs, mais par d’autres personnes, dont François Papineau (Pierre) et Andrée Lachapelle (la mère).
Une expérience unique que le visionnement de Le Météore!
Note : 9/10
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