L’histoire du cinéma commence avec l’invention du cinématographe par Louis Lumière. C’est grâce à une combinaison des principes de trois appareils – la caméra, la tireuse et le projecteur – qu’il réussit à mettre au point cette nouvelle invention. Le brevet du cinématographe est déposé le 13 février 1895 et la première projection publique a lieu à la fin de cette même année, le 28 décembre 1895, dans le sous-sol d’un café de Paris.
Organisée avec son frère avec qui il coréalise plusieurs films par la suite, cette projection permet au public de découvrir le cinématographe par le visionnement d’une dizaine de films d’une durée d’environ une minute chacun. Les projections se répètent et, leur popularité grandissant, les frères Lumière en organisent davantage et produisent un grand nombre de films pour en remplir la programmation. En 1898, ils ont plus de 1000 films à leur actif. Les films des frères Lumière sont, pour la grande majorité, des documentaires.
Bien que les frères Lumière aient réalisé quelques films de fiction, L’arroseur arrosé (1896) notamment, c’est avec George Méliès que la fiction gagne véritablement le cinéma. Le voyage dans la Lune (1902), son plus célèbre film, peut également se targuer d’être le premier film de science-fiction, avec son imaginaire spatial. Près de 500 films de fiction suivront ensuite dans la production de Méliès, qui s’éloigne ainsi de la représentation de la vie quotidienne que faisaient les frères Lumière. Le voyage dans la Lune se distingue également des premiers films par sa durée, soit de 14 minutes.
Mettant à profit sa carrière de magicien et de metteur en scène, Méliès développe également des techniques – montage, fondus, surimpressions – à l’origine des premiers effets spéciaux de l’histoire du cinéma. Ce sont ces avancées qui lui valent le titre de « père des effets spéciaux ». Méliès construit même un hangar pour réaliser ses tournages : un des premiers studios de cinéma au monde !
Le cinéma muet a aussi permis la réalisation de d’autres genres de films. On doit le premier film historique, Naissance d’une nation, à D. W. Griffith, en 1915. Basé sur un livre de Thomas Dixon qui raconte les péripéties de deux familles américaines durant la Guerre de Sécession, le film est ouvertement raciste. Il propose malgré tout quelques innovations formelles : des travellings, des mouvements de caméra, des procédés de montage, etc.
Le cinéma muet est aussi l’occasion d’amuser les foules. Deux figures le comprennent particulièrement vite: Max Linder et Charlie Chaplin.
Gabriel Leuvielle joue dans quelques courts métrages comiques avant de créer le personnage qui fait sa renommée: Max Linder. Plus de 100 courts métrages sont réalisés par la suite mettant en vedette Max, toujours dans des situations plus loufoques les unes que les autres: Les débuts de Max au cinéma (1910), Comment Max fait le tour du monde (1910), Max fait de la photo (1913), etc.
Ce dandy au costume caractéristique – complet, chapeau, moustache – jette les bases pour le célèbre personnage de Charlot, interprété pendant de nombreuses années par Charlie Chaplin.
Le Britannique Charlie Chaplin devient sans conteste le maître du burlesque aux États-Unis et a une contribution exceptionnelle au cinéma d’Hollywood. Comme chez Linder, son personnage de Charlot est amené dans différents contextes pour créer des fous rires chez le spectateur, en commençant par le court métrage Charlot journaliste (1914). Chaplin produit de nombreux courts métrages avant de réaliser son premier long métrage, The Kid (ou Le gosse), qui concrétise sa renommée en 1921.
Son film le plus complexe est probablement La ruée vers l’or (1925), où il s’inspire d’évènements dramatiques de l’aventure des chercheurs d’or en Californie pour créer une comédie burlesque. Le tournage de ce film a cependant demandé des moyens particuliers: de nombreuses scènes de tournage en extérieur, dans les montagnes de la Sierra Nevada, un nombre de figurants énorme et la construction de maquettes des montagnes pour le tournage en studio.
Le cinéma comique des années 1920 ne serait pas non plus le même sans le passage de Buster Keaton, dont les films multiplient les blagues et les cascades. Pensons notamment au Mécano de la «General» (1927).
La Révolution d’octobre permet au cinéma russe de prendre lui aussi son envol. D’abord confiné à la diffusion du message idéologique de Lenine – des trains transformés en studios de cinéma se déplacent partout en Russie entre 1918 et 1920 –, le cinéma se déploie de deux manières différentes durant la décennie 1920 : par le biais du documentaire chez Dziga Vertov et par le montage chez Lev Koulechov et Serguei M. Eisenstein.
L’avènement du documentaire se produit notamment grâce à la fondation en 1923, par Vertov, d’un journal d’actualités cinématographiques, le KinoPravda (cinéma de vérité). Dans L’homme à la caméra (1929), Vertov filme une ville russe et le quotidien de ses habitants une journée durant. Les explorations formelles sont cependant toujours au rendez-vous dans ce documentaire, notamment la fameuse mise en abyme où on suit l’homme qui filme.
Par un cinéma qui se veut la propagande du pouvoir marxiste-léniniste, Eisenstein a également poussé le vocabulaire cinématographique à un autre niveau, particulièrement par ses jeux de montage. Il développe ce qu’il appelle le « montage parallèle », un procédé par lequel il crée un rapprochement symbolique entre deux images par le biais du montage. Son premier film, La Grève, dans lequel il est question d’un sujet typiquement marxiste, une révolte ouvrière dans une usine russe, montre un bel exemple de ce procédé à la toute fin, lorsque les employés sont massacrés par les dirigeants. Cette scène est mise en parallèle avec des images d’animaux à l’abattoir. Ainsi, Eisenstein utilise le vocabulaire cinématographique pour renforcer le discours qu’il propose dans ses films. Eisenstein récidive dès 1925 avec son célèbre Le cuirassé Potemkine.
Comme son pendant pictural, qui débute dès 1908 et termine avec la Première Guerre mondiale, l’expressionnisme au cinéma joue sur les émotions du spectateur de par sa tendance à créer des atmosphères sombres, des histoires glauques, des décors et des personnages menaçants. Le cabinet du docteur Caligari (Robert Wiene, 1919) lance le mouvement en relatant l’histoire d’un monstre esclave d’un docteur fou. Hormis le flash-back cependant, on retrouve peu d’avancées formelles et techniques dans cette oeuvre.
Un autre réalisateur, F. W. Murnau, marque aussi l’histoire de l’expressionnisme allemand. En revisitant le roman Dracula, de Bram Stoker, dans Nosferatu le vampire (1922), il pose les bases pour les films de vampire pour de nombreuses années. L’Aurore (1927), un film qu’il tourne aux États-Unis à la demande du producteur William Fox, lui vaut d’ailleurs le premier Oscar remis pour le meilleur film. Sa trame narrative – la vie paisible d’une famille de campagne perturbée par l’arrivée d’une citadine qui pervertit les belles valeurs de l’homme – est simple, mais le film est un exemple des innovations formelles dans le cinéma de l’époque: travellings, surimpressions, jeux de perspective, intertitres, etc.
Ce premier mouvement d’avant-garde dans le cinéma en France est créer par quelques réalisateurs qui revendiquent un cinéma nouveau, non plus simplement basé sur des histoires créées pour le théâtre ou la littérature, mais un cinéma autonome en soi. Les innovations formelles sont donc au coeur du mandat que se donnent les réalisateurs de ce courant, comme Germaine Dulac, Jean Epstein et Abel Gance. Ce dernier a d’ailleurs réalisé un des chefs-d’oeuvre du mouvement, La roue, en 1923, un film dont la durée originale dépassait 9 heures! Au-delà de son scénario, c’est la maîtrise technique dont fait preuve Gance dans ce film qui a épaté.
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