Le Festival international de courts métrages du Sud-Ouest de Montréal, Longue vue sur le court, se tient du 24 au 28 avril 2019. Il présente, pour sa cinquième édition, 90 courts métrages de réalisateurs provenant de 16 pays différents. Au sein de cette sélection, le talent d’ici est bien mis en valeur par la projection de 50 films d’origine québécoise.
Le Petit Septième mettra de la même manière les projecteurs sur notre cinéma national en couvrant, pour vous, quatre courts métrages canadiens. Un aperçu de la production cinématographique locale…
Ghislain (Pascal Contamine) peine à se sortir d’une dépression coriace, alimentée par un hiver trop long et une vie trop plate. Quand son cœur se met à battre dans son coccyx, son frère (Martin Dubreuil) en arrive au diagnostic suivant : il lui faut réapprendre à rire.
Pas de doute, Franie-Éléonore Bernier a accompli un travail remarquable dans la réalisation de ce court métrage. L’esthétique visuelle traduit admirablement le propos tenu par le film. La caméra, qui demeure souvent fixe sur les corps et les décors, et le cadrage serré autour des visages concentrent l’attention du public sur les émotions des deux protagonistes, présentant un portrait juste, bien que simplifié, de la dépression.
Avec Mal de cœur, Franie-Éléonore Bernier parvient néanmoins à traiter d’un sujet aussi délicat que la maladie mentale à travers un voile humoristique. Les symptômes extravagants de Ghislain et les tentatives de son frère pour le guérir donnent au film un ton comique et le spectateur ne peut s’empêcher de s’esclaffer à de nombreuses reprises… bref, c’est les maux du spectateur que Martin Dubreuil soulage à travers l’écran!
Ouvrant le festival, qui plus est avec Martin Dubreuil, porte-parole de l’évènement, dans le rôle du frère, Mal de cœur déstigmatise une souffrance encore un peu trop tabou. Un choix qui donne le ton de la programmation?
Présenté lors de la soirée d’ouverture, le mercredi 24 avril 2019.
Une femme-tampon va à la rencontre d’un homme-astronaute pour s’envoler sur la lune. Alors que Daniel (Frédéric Lemay) a pour mission de disperser les cendres de sa mère, Claude (Noémie O’Farrell) souhaite le retour miraculeux de ses menstruations. Ce conte moderne nous transporte dans la fébrilité du tout premier voyage lunaire.
L’atmosphère lunaire est bel et bien au rendez-vous dans ce court métrage. L’obscurité contraste avec la blancheur de la neige dans cette nuit hivernale dans laquelle l’action est mise en scène. Atmosphère qui sied parfaitement à cette nuit sans fin, à cette rencontre improbable, à cette histoire invraisemblable… Tout est réuni pour inviter le spectateur à s’immerger dans le film.
Le voyage vers la Lune et les faits loufoques qui s’accumulent ne sont finalement qu’un prétexte pour traiter de manière touchante de la détresse vécue par les deux protagonistes – la mort d’un proche, des problèmes de santé – et du rapprochement qu’elle peut engendrer entre deux personnes. Lunar-Orbit Rendezvous, comme Mal de cœur, s’achève ainsi sur une note d’espoir.
Présenté lors de la soirée d’ouverture, le mercredi 24 avril 2019.
Mahalia (Kaiyonni Banton-Renner), une petite fille noire âgée de 9 ans, se sent différente des autres filles avec qui elle suit des cours de ballet. Pour lui donner confiance en elle, sa mère (Sagine Sémajuste) l’amène dans un salon de coiffure se faire défriser les cheveux pour la première fois.
Ici, l’absurde de la situation, une jeune fille qui se fait intimider en raison de sa crinière touffue, donne envie de pleurer. Même sa mère semble emprisonnée inconsciemment dans les diktats de la beauté, souhaitant lui faire plaisir en lui faisant lisser les cheveux… Est-ce nécessaire de dire que la ridicule solution ne résout pas les problèmes de l’enfant? Surtout s’il se met à pleuvoir.
Avec ses plans rapprochés sur le visage de la fillette, Mahalia Melts in the Rain présente un portrait de l’intimidation. Les dialogues restreints au minimum requis, surtout en ce qui a trait aux mots prononcés par la jeune fille, et la présence rare des autres personnages, mettent l’accent sur l’intériorité de la fillette. Un film sur l’intimidation vécue de l’intérieur.
Présenté le jeudi 25 avril 2019.
Richard, un coach britannique, vit à Mumbai depuis cinq ans. Son travail : entraîneur de stars de Bollywood. Pourtant, il aimerait devenir comédien.
Documentaire à la saveur de téléréalité, Rich in Bollywood suit Richard dans son quotidien : son travail, mais aussi ses sorties en boîte de nuit… le tout pimenté par ses réflexions sur la vie à Mumbai, l’industrie Bollywood et ses aspirations personnelles. Les quelques photos présentées à la fin annoncent même au spectateur la suite de l’histoire de Richard.
Le documentaire brosse un beau portrait de Mumbai, mais la concentration sur la figure de Richard rend le propos un peu insignifiant. C’est à se demander si le réel objectif du réalisateur n’était pas plutôt de faire un commentaire sur la vie dans l’industrie Bollywood – peut-être même un docu-fiction? – plutôt qu’un réel documentaire… La liberté visuelle que se donne Lévesque est assez importante; en témoignent les pages-titres colorées entre les séquences, mais aussi le jeu sur les images en accéléré et l’immobilité de Richard dans la vie frénétique de Mumbai. Richard semble ainsi impuissant dans sa propre vie. C’est un discours un peu pessimiste sur la vie et l’atteinte de nos objectifs qui traverse donc le fil narratif et l’image, mais qui est allégé par les images et la musique Bollywood.
Présenté lors de la soirée d’ouverture le 24 avril 2019
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On en a des maux à éponger au Québec! Ces quatre courts métrages présentent, en effet, tous une forme de souffrance. Dépression, intimidation, deuil… Mais la note d’espoir qui en ressort laisse penser que, en 2019, nous avons besoin de croire que tout ira pour le mieux.
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