« Parce que je suis pauvre, mais je n’ai pas renoncé à vivre au-dessus de mes moyens. »
1990. Arthur (Vincent Lacoste) a vingt ans et il est étudiant à Rennes. Sa vie bascule le jour où il rencontre Jacques (Pierre Deladonchamps), un écrivain qui habite à Paris avec son jeune fils. Le temps d’un été, Arthur et Jacques vont se plaire et s’aimer. Mais cet amour, Jacques sait qu’il faut le vivre vite.
Plaire, aimer et courir vite, de Christophe Honoré, c’est l’histoire d’un premier amour, et d’un dernier amour. D’un début dans la vie, mais aussi d’une fin dans la vie, à travers une seule et même histoire d’amour, celle du jeune provincial qu’est Arthur et de l’écrivain agonisant qu’est Jacques.
La reconstitution est construite par un bouquet de citations et références culturelles, une très riche toile de fond où vibrent beaucoup de musiques, de chansons, de films, de livres, et d’affiches. Plusieurs petits détails qui font toute la différence et qui évitent qu’on remarque certaines choses qui n’auraient peut-être pas tout à fait leur place à l’époque.
Personnellement, ce sont les affiches des films à l’affiche du cinéma de Rennes qui m’ont particulièrement plu. Oui, de voir The Piano sur le mur extérieur de l’immeuble, c’est quelque chose qui m’a donné un petit moment de nostalgie.
En général, on évite ces références culturelles. Il faut dire que si l’on ne veut pas se tromper, il faut faire beaucoup de recherches et de vérifications et de contre-vérifications. Par exemple, si l’histoire se passe en été et qu’un livre ou un film est sorti à l’automne, on ne veut surtout pas l’avoir là… Ici, c’est merveilleusement bien réalisé.
Une chose m’a dérangé, par contre. Et là, je vais prendre un risque de me prononcer sur le sida. Évidemment, je n’étais pas en France en 1993. Mais si je me réfère à la situation au Québec, il me semble qu’il y a une grande insouciance dans ce film.
Les Français homosexuels ne savaient-ils pas à quel point cette maladie était dangereuse? On dirait que personne n’est le moindrement dérangé à l’idée de coucher avec un homme séropositif. Pourtant, il me semble que chez moi, les gens en avaient peur au point de ne pas vouloir toucher une personne atteinte du sida.
Mais peut-être que ma perception est faussée par le fait que je ne faisais pas partie de la communauté homosexuelle et que je ne vivais pas en France.
On pourrait dire que, d’une certaine façon, les deux personnages principaux de Plaire, aimer et courir vite sont deux âges d’un même homme. Les personnages de Jacques et Arthur convergent : dans les yeux du plus jeune, l’autre est un modèle, une aspiration. Dans les yeux de Jacques, Arthur est une évocation de sa propre jeunesse, presque un souvenir.
Au final, on a droit à un film solide, avec de bons dialogues et des acteurs en moyens. Et même si certaines choses m’ont dérangé, le film m’a tout de même plu. Par contre, ce n’est pas avec Plaire, aimer et courir vite que vous guérirez votre blues de l’hiver…
Note : 7.5/10
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