« Sometimes the story of people’s family can end sad. »
[Parfois les histoires familiales finissent mal.]
Une jeune fille swazie se lance dans une quête périlleuse pour sauver ses jeunes frères jumeaux. Ce long métrage d’animation africain nous vient de l’imagination de cinq jeunes orphelins du Swaziland qui racontent une histoire de persévérance tirée de leurs propres souvenirs les plus noirs et leurs rêves les plus scintillants. Le voyage de ce personnage fictif est entrelacé de scènes de poésie et de documentaires d’observation qui nous donne une célébration de narration collective unique en son genre.
Liyana d’Aaron Kopp et Amanda Kopp est un film qui défie les genres, entre documentaire et film animé, où l’on assiste à un acte de création collective. Je dois avouer que je m’attendais à un film animé plus classique et léger, mais je ne peux pas dire que j’ai été déçue. Au contraire, ce film témoigne d’une terrible réalité et d’une grande humanité.
Le Swaziland – petit pays au sud de l’Afrique d’environ 1.2 million d’habitants – est l’un des pays où l’espérance de vie est la plus faible. Près d’un adulte sur quatre est porteur du VIH, soit 25 % des adultes (ainsi écrit, ça me semble d’autant plus frappant). Le taux de mortalité infantile y est aussi élevé, sans compter qu’il y a beaucoup d’orphelins.
Ainsi, le film nous présente de jeunes orphelins qui, guidés par la conteuse sud-africaine de renom Gcina Mhlophe, inventent l’histoire de Liyana. Ils font vivre à cette jeune adolescente de terribles aventures, à l’image de leurs propres blessures.
On voit encore ces mêmes jeunes dans leur milieu de vie ou chez le médecin. On fait également avec eux une longue randonnée pédestre, jusqu’à un plan d’eau. Les scènes de baignade qui suivent sont particulièrement belles et poétiques. Le cadrage et la lumière sont parfaits.
À plusieurs moments, la ligne est mince entre la vie de ces jeunes et l’histoire qu’ils racontent. On a l’impression qu’ils prennent part, par leur propre randonnée, à la quête de Liyana.
Un imaginaire dur, à l’image de leurs expériences. La jeune protagoniste assiste à la mort de ses parents, se fait attaquer par des voleurs armés qui kidnappent ses jeunes frères. Sa grand-mère confie alors à Liyana la difficile tâche de les retrouver et de les ramener à la maison.
Comment une fille seule (même si elle est accompagnée d’un énorme buffle) peut-elle entreprendre une telle aventure? Elle fait preuve d’une force incroyable, à l’image de celle de ces jeunes.
La vie n’est pas toujours facile ou douce; la vie, c’est une aventure.
Les scènes d’animation sont ainsi présentées en alternance avec des images du groupe d’orphelins. On nous les montre en pleine création, alors qu’ils discutent tous ensemble du destin de leur personnage, qu’ils dessinent, peinturent et bricolent les différents éléments de leur création.
Le film donne deux belles leçons de vie : qu’il faut prendre soin les uns des autres et qu’il ne faut jamais renoncer. On doit continuer de se battre, refuser de laisser tomber.
Bien qu’il s’agisse d’une animation (du moins, en partie), le film ne s’adresse pas vraiment à de très jeunes enfants. La réalité qui y est dépeinte est très dure. Il n’en reste pas moins qu’il devrait être diffusé largement pour que les jeunes et les moins jeunes prennent conscience que la vie n’est pas toujours tendre et qu’il faut parfois se relever les manches et lutter pour survivre.
Liyana est porteur de force et de courage. C’est un hymne à la vie!
Note : 8,5/10
Liyana est présenté au Festival International du Film Black de Montréal (FIFBM) le 30 septembre 2018.
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