« How the fuck did this happen?!? »
[Comment est-ce que ça a pu arriver?!?]
Le nouveau documentaire du réalisateur Michael Moore, porte un regard provocateur et cynique sur le monde actuel. Deux questions importantes concernant la présidence de Donald Trump y seront posées : comment en sommes-nous arrivés là et comment allons-nous en sortir?
Présenté en première mondiale lors du Festival international du film de Toronto 2018, Fahrenheit 11/9 porte un regard non seulement sur la présidence américaine de Donald Trump, mais aussi sur ce qui fait que les jeunes d’aujourd’hui ne participent pas au débat politique.
Fahrenheit 11/9 débute avec la campagne électorale de 2016. Un premier 7 minutes qui donne des frissons. On y voit la montée de Clinton et le désespoir des Républicains. Arrive la journée du vote et la soirée électorale. Je m’en souviens, car j’étais devant la télé. Tout roulait pour Hillary. Elle se dirigeait vers une victoire facile. Mais, soudainement, tout s’est écroulé. Et l’Amérique s’est écrasé 15 000 pieds plus bas. Et le dur réveil au petit matin avec Trump comme président.
Puis, la question de Michael Moore : « How the fuck did this happen?!? » Le « dangereux » cinéaste a la réponse. Une réponse bien à lui : Gwen Stefani! Quoi? Oui. Si Trump s’est lancé en politique, c’est parce que cette femme s’était vu offrir un meilleur salaire que Trump par NBC. Pour se venger de NBC, il fait une fausse conférence de presse où il déclarait se lancer dans la course à la présidence. Mais la blague enflamme les électeurs américains. Si bien que le milliardaire se lance finalement dans l’aventure politique.
On connait la suite. Il passera, en quelques mois, de clown ridicule à Président des USA.
Mais ça, ce n’est rien. Car pour qu’un Trump se retrouve à la tête de ce pays, il y a eu toute une suite d’événements. Car soyons honnêtes, pour qu’il gagne, il fallait que les Américains aient un foutu ras-le-bol. Et un désintéressement total en la politique. Je ne vous donnerai pas tous les détails, mais je crois que, lorsque Bernie Sanders a été tassé à la faveur de Clinton, l’espoir de la jeunesse américaine et leurs croyances en la démocratie se sont évanouis. Surtout lorsqu’on en apprend plus sur les résultats réels des électeurs démocrates. Non, la presque future première présidente n’a pas été choisie par les électeurs. Le parti démocrate aurait falsifié les résultats afin d’avoir celle qu’ils voulaient avoir. Celle qui ne toucherait pas au système en place. Celle qui n’était pas à gauche. Celle qui n’aurait pas tenté de tuer la corruption. Celle qui n’aurait pas arrêté l’infamie des riches super puissants alors que la majorité de la population n’arrive plus à se sortir la tête de l’eau.
Heureusement, Moore nous montre une lueur d’espoir. Mais pas juste de l’espoir. Parce que, comme il le dit : « Hope is passive. Hope gives you permission to let someone else do the work. Hope leads people to believe that tax returns, or a pee tape, or the FBI or an adult film star will save the country. Hope, and the passivity that comes with it, is what helped get us here to begin with. It’s the lazy way out. We don’t need hope. We need action. » [Lʼespoir, cʼest la passivité. Lʼespoir vous donne le droit de laisser quelquʼun dʼautre se remonter les manches. Il vous conduit à croire quʼune déclaration de revenus, une vidéo de pratiques sexuelles déviantes, le FBI ou une actrice porno vont pouvoir sauver le pays. Lʼespoir, et lʼendormissement quʼil engendre, est justement ce qui nous a mis dans une situation aussi désastreuse. Cʼest la solution des paresseux et des impuissants. Ce nʼest pas de lʼespoir quʼil nous faut. Cʼest de lʼaction.]
Pour contrer l’hypocrisie des Républicains et des Démocrates (qui sont fondamentalement pareils), Moore nous présente des jeunes qui ont décidé de prendre les choses en mains. Des jeunes comme Alexandria Ocasio-Cortez, qui, à 28 ans, vient de déloger un Démocrate (à la primaire du parti) qui était en poste depuis plus de 20 ans. Elle fait trembler l’establishment du parti. Elle se définit, comme des milliers de jeunes américains, comme une démocrate-socialiste et sa ligne de conduite est : « No person in America should be too poor to live » [Personne en Amérique ne devrait être trop pauvre pour vivre.]
Ou encore Emma Gonzalez, cette jeune femme qui a décidé de prendre la parole, même si l’on ne la lui donnait pas, après une tuerie provoquant la mort de 17 de ses camarades dans une école secondaire. Elle est à la tête du mouvement « March For Our Lives ».C’est elle qui offre un des moments les plus puissants de Fahrenheit 11/9 avec son discours dans lequel elle nomme chaque adolescent mort lors de cette tuerie.
On a souvent tendance à juger les Américains. À dire qu’ils sont tous comme si ou tous comme ça. Qu’ils sont fous d’avoir élu Trump. Que ça n’arriverait jamais chez nous. Vraiment? Je répète. Vraiment?
Je regarde ce qui se passe à Flint, au Michigan. Les gouvernements ont simplement décidé d’empoisonner les habitants de cette ville. Pas étonnant, ce ne sont que des Noirs. En plus, la majorité d’entre eux sont pauvres. Who cares! Hé bien il semble que les jeunes, ceux qui ont entre 15 et 30 ans, s’en soucient. Et vous savez quoi? Eux, chez eux, ils ont décidé de faire une révolution. Je ne sais pas s’ils y arriveront. Mais au moins, eux, ils essaient…
Avec Fahrenheit 11/9, le réalisateur et activiste américain frappe encore une fois très fort. Oui le bilan des dernières années (avec beaucoup de « s ») est désastreux. Mais il semble qu’une nouvelle génération soit prête à prendre la relève et à mettre fin au règne du capitalisme.
De toute façon, comme l’a dit Donald Trump lui-même : « The american dream is dead! » Oui, le rêve américain est mort.
Note : 9/10
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