7 jours pas plus – L’étranger, c’est moi!

7 jours plus tard - afficheDans ce film franco-belge d’Héctor Cabello Reyes, originaire du Chili, on est confrontés à nos peurs de l’étranger, au dérangement que suscite une rencontre où l’on refuse d’emblée le contact, mais où l’on ne sait pas dire non à un acte humanitaire.

7 jours pas plus commence par une romantique scène de fiançailles dans une chaloupe en Inde, mais qui va tourner au drame lorsqu’une vache tombe du ciel directement sur l’embarcation. Dramatique, mais plutôt comique pour le spectateur.

7 jours pas plus - Pierre et Jeanne
Pierre (Benoît Poelvoorde) et Jeanne (Alexandra Lamy)

Pierre (Benoît Poelvoorde) est un quincaillier de quartier bourru, qui vit seul et qui ne veut pas que sa vie change. Il collectionne des articles de journaux de faits divers insolites qui renforcent sa croyance profonde que la vie est absurde. Il y a la très belle Jeanne (Alexandra Lamy) pour qui il a succombé par le passé, mais avec laquelle il a repris ses distances, ne voulant aucunement faire de changements dans sa vie.

Puis arrive la rencontre avec Ajit (Pitobash), un jeune Indien qui vient d’être abandonné d’un paquebot dans le port de la ville où vit Pierre. Il se précipite vers le premier humain qu’il rencontre (Pierre), qui est parfaitement réfractaire à ce genre de rencontre (en fait à toute rencontre), mais cette rencontre va tout de même changer sa vie. Poelvoorde dit en entrevue : « Le Français va râler si on lui demande quelque chose, mais il va le faire quand même. »

Je pense que l’on peut se reconnaître dans ce propos; on critique la présence de l’autre, mais on finit par l’aider. En cette époque de migration, ce film prend une dimension civique pour le moins intéressante.

7 jours pas plus - Pierre
Pierre

Pierre va devoir s’occuper de Ajit pendant 7 jours, limite qu’il lui a donnée, et cette semaine va nous en mettre plein la vue. Ajit ne parle que le Bengali et, donc, le jeu non verbal des deux acteurs devient extraordinairement précieux et on assiste donc à de très beaux moments de cinéma.

Pierre rencontre les autorités de l’ambassade de l’Inde à Paris et ces derniers refusent Ajit, trop compliqué, trop de délais, les papiers, etc. « Il y a un milliard d’Indiens et pas un pour m’aider, vous vous foutez de ma gueule! », leur crie Pierre en claquant la porte.

Le film est agrémenté de dessins animés 2D qui allègent le propos. Bien réussis et qui ajoutent au rythme.

7 jours pas plus - quincaillerie
À la quincaillerie de Pierre

Même si Ajit est l’objet principal de l’histoire, c’est Pierre qui tient le rôle central de ce film. L’étranger, c’est lui en fin de compte. Il s’est retiré de toute relation trop intime avec autrui et se retrouve isolé, étranger dans la société dans laquelle il vit. Il en vient même à chasser les clients de sa quincaillerie. Il est mal avec lui-même. Le contact forcé avec un autre avec qui il ne peut même pas dialoguer va le confronter à ses peurs, ses limites. Ajit ne comprend même pas le non répété de Pierre et il défonce les barrières dans lesquelles Pierre s’était réfugié.

7 jours pas plus - Jeanne, Pierre et Ajit
Jeanne, Pierre et Ajit (Pitobash)

Le réalisateur a choisi Poelvoorde parce qu’il le considère comme un très grand acteur. Ce rôle lui donne raison. Il a choisi Pitobash parce qu’il est petit de taille et qu’il ne parle pas français, ça devenait plus facile à intégrer son rôle. Pitobash ne connaissait pas Benoît Poelvoorde, mais lorsque Reyes lui a dit qu’il siégeait sur le jury à Cannes avec Tarantino, l’idole de Pitobash, et que Tarantino avait déclaré que Poelvoorde était le plus grand acteur européen actuel, il s’est vivement intéressé à lui et a accepté le film qu’on lui proposait.

Reyes a choisi Alexandra Lamy à la suite de son jeu dans la version française de la série Un gars, une fille.

La vie est absurde, mais il y a toujours de l’espoir pourrait résumer 7 jours pas plus.

À voir pour l’humour et l’amour. Et le jeu remarquable des deux principaux acteurs.

Note : 8.5/10

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