« J’étais mouillé en tabarnak! »
Julien Bernatchez
Un ex-prisonnier (Julien Bernatchez) qui n’a visiblement pas l’habitude de garder des enfants reçoit la garde d’un bambin en échange d’une réduction de probation.
Le court métrage québécois Gardiennage de l’enfer de Frank Appache et Camille Monette est présenté en première à Fantasia. À noter que les deux réalisateurs en étaient à leur seconde collaboration, la première étant au film Sleazy Pete, qui a remporté le prix Golden Lomax 2017 du Monster Fest (Australie).
Fantasia, ce festival de films de genre, nous réserve parfois des surprises, bonnes ou mauvaises. Certains films sont pour le moins déstabilisants. D’autres nous laissent sans mot. En tant que critique, je dois dire que celui-ci m’a, disons, déroutée.
Ce film trash fait preuve d’une grande simplicité de moyens. Il a été produit avec un incroyable budget de 450 $, « dont une bonne partie était destinée à l’achat d’alcool durant le tournage » – pourquoi ne suis-je pas surprise?! 😉 Il faut dire qu’il est préférable de boire un verre pour apprécier l’humour particulier de Gardiennage de l’enfer.
Parce que, oui, c’est l’absurde qui gouverne ici. D’emblée, l’idée de garder un enfant contre une réduction de probation est farfelue. On se doute que le reste le sera tout autant. Mais ce n’est là que la pointe d’un immense iceberg d’absurdité et de grotesque.
Dès le premier plan avec personnages, on voit que le bébé est en fait une poupée. On ne le cache aucunement, on mise en fait sur cet aspect. Et on se dira que c’est heureux compte tenu du traitement que le bébé recevra. Les réalisateurs ne peuvent absolument pas se faire accuser de cruauté. Tout au plus, d’avoir un esprit complètement tordu.
L’ex-prisonnier reçoit ainsi une pluie (on entend ici de puissants jets) de fluides corporels du jeune bambin. Étrangement, cela ne lui plait pas beaucoup et l’excède même. Ô surprise!
Plus le film avance, plus ça dégénère. Arrive même un livreur de pizza qui joue (du moins, essaie de jouer) de la flûte.
La morale de cette histoire : je ne confierais pas mon poisson rouge à cet homme, encore moins mes bébés. Et c’est l’effet souhaité par les réalisateurs. Mon commentaire ne se base pas sur des jugements à caractère sexiste ou sur les caractéristiques physiques du personnage. Mais plutôt sur le très faible niveau de patience et sur la totale absence d’instinct parental de l’ex-prisonnier. Sans oublier son manque de jugement et d’empathie. Il est unique en son genre, du moins, on l’espère.
Si vous souhaitez mettre votre cerveau à off (c’est un préalable absolu!) et faire une courte plonger dans un univers délirant (le film dure moins de 4 minutes), Gardiennage de l’enfer va à l’encontre de tout ce que l’on peut vous enseigner dans le cadre de vos cours de « gardien averti ».
Et bonne chance pour la réduction de probation!
Note : Dur à dire
Gardiennage de l’enfer est présenté à Fantasia le 14 juillet 2018.
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