Dans Longing (Ga’agua, pour le titre original), un film en hébreu avec sous-titres, Savi Gabizon a choisi de raconter une histoire touchante à travers les yeux d’un père qui est confronté à la mort de son fils dont il ignorait l’existence.
Gabizon a fait sa marque en Israël avec des films satiriques, dont They call me Itzik et Lovesick on Nana Street. Longing se démarque de ses prédécesseurs par son intensité dramatique et humaine.
Ariel, le père (Shai Avivi), est présent dans toutes les scènes de ce film et joue très habilement les multiples surprises et découvertes d’une véritable enquête sur un fils qu’il n’a ni souhaité, ni connu. Ronit (Asi Levi, la mère) vient rencontrer Ariel, son ancien compagnon de vie, à Tel-Aviv et lui annonce qu’elle a eu un fils de lui il y a 19 ans, que son nom est Adam, mais aussi… qu’il est décédé dans un accident d’auto deux semaines plus tôt.
Ariel, un important industriel, assommé par cette nouvelle, entreprend un pèlerinage dans la ville où vivait Adam, son fils. Il cherche à comprendre, découvrir et connaître ce fils-surprise. Et la trace de ce fils-surprise lui en réserve une tonne… Tout se passe dans ce décor beaucoup plus modeste, comparé à l’aisance dans laquelle il vit dans la métropole.
L’école d’Adam et le cimetière où il repose constituent entre autres l’essentiel des décors où se déroule cette histoire.
On retrouve un brin de folie dans cette histoire, un mariage entre personnes décédées, une scène onirique digne d’Almodovar et cette obsession du père à aller jusqu’au bout de son questionnement. Du bon cinéma intrusif.
Cette œuvre intimiste nous invite à pénétrer dans le tourment d’un père qui tente de rattraper sa paternité qui vient de le rattraper, en exigeant des réponses sur la vie de son fils. Il questionne, confronte et bouscule les gens qui ont fait partie de sa vie.
En fait, Ariel entre totalement dans la vie d’Adam; une scène montre le père assis dans la classe au pupitre de son fils à la grande surprise de sa professeure qui jouait un grand rôle dans la vie du fils. Si l’on veut s’amuser, on pourrait, à la limite, faire le parallèle avec Dieu revenant sur terre en demandant : « Qu’avez-vous fait à mon fils? »
De belles rencontres au cimetière avec un autre père dont la jeune fille est partie trop tôt. Dialogues émouvants pour les cinéphiles qui ont un ou des enfants.
La mort est centrale dans cette histoire. La vie aussi bien sûr avec des questions et des réponses parfois assez singulières.
Un film très réussi, une belle approche des relations entre humains, leurs problèmes, leurs secrets et leur caractère pas toujours facile.
Un film qui montre aussi les drames des gens ordinaires vus par un homme d’une autre classe sociale, qui débarque avec sa Volvo neuve dans un coin d’Israël d’une modestie qu’il semble découvrir.
Ce film israélien porte aussi la qualité de justement ne pas être typiquement israélien contrairement à plusieurs films de ce pays. C’est une œuvre humaine, moderne, qui pourrait se dérouler dans tout pays développé.
Un beau portrait d’une situation pas facile.
Note : 8,5/10
Longing sera présenté au Venice Days Festival les 1er et 4 mai 2018.
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